mardi 28 janvier 2014

La muse vénale

Quoi m'écrire des vers pour réclamer de l'argent !
Ai-je jamais vu dans ma vie un écrit plus outrageant ?

Accorder le fond et la forme, c'est cela la poésie,
Quand rythmes et rimes se fondent dans une parfaite harmonie


Pour évoquer l'allégresse que met en nous un sourire,
Quand la sonorité de la rime rappelle celui du plaisir.

Quand nos mots ainsi ordonnés avec un tant soit peu d'adresse
Nous rappelle de notre aimée son art subtil de la tresse.


Car la beauté est ainsi, ordre choisi mais imposé
Ainsi qu'il en est de la vie entre contrainte et liberté.

Et vous, madame ? Que de la forme ! Mais sans le fond !
Vous me jugerez, infâme, mais vous n'aurez pas un rond !

C'est assez que je vous paye de cette leçon de poésie
Qui, vous le noterez, s'accompagne d'une de philosophie.
Au prix où je vous la donne, je me sens presque volé
Mais je me paierai de ces vers que vous m'avez inspirés.  




Réponse à une amie qui me demandait de l'argent en rimant. 

vendredi 10 janvier 2014

Chant d'Automne

Elle ne m’a pas écrit ce matin
Pas un mot, pas une lettre de sa main
Pas une fenêtre ne s’entrouvre
Sur son jardin empli de rouvres.


Les feuilles sont tombées sur ses pas,
Étoiles d’or des érables, une supernova
Les éclairs rouges des chênes
Comme une tempête se déchaîne,

 
Ralentie par la douceur du temps
De l’éphémère saison dont les tons éclatants
Si vite revenus et si vite passés,
Chantent un chant d’éternité  

 
Tout est là et se mélange,
La vie, la mort, quelle danse étrange
L’immense et le minuscule
A chaque enjambée se bousculent

 
Jusqu’à cette feuille que je ne peux pas ouvrir,
Cet oubli qui m’amène au souvenir,
Ce silence  qui m’a troublé, qui m’étonne
Mais me murmure son chant d’Automne

mercredi 1 janvier 2014

Viatique


Aime la puissance de ta colère
Comme la canicule le tonnerre. 

 
Aime le mensonge et la séduction
Comme les roses et leurs floraisons.

 
Aime ta haine sans échappatoire
Comme le tigre son territoire. 

 
Aime ta peur fine et rusée
Comme la sœur de la liberté.

 
Aime l’angoisse et la frustration
Qui décuplent tes pâmoisons.

 
Aime donc tous tes sentiments
Comme tu aimes l’amour et son embrasement.