mardi 15 mai 2018

Violence passive



Halt, stop, niet
Non, rien, nada
Que dalle,
Plutôt crever,
No passeran !
Des nèfles ! 

A mort !
Crève charogne !



Comment deux cents personnes – peut-être étudiantes, mais n’oublions pas les lutteurs convergents qui se joignent à toutes les manifestations  – bloquent les partiels de milliers d’étudiants (100% pour ceux-ci) ? Une frange frifrelinesque de ce groupe prend le risque pour autrui de créer des diplômes sans valeurs – déjà que - et qui plus est, est représentée par une femme voilée, ou quand le fifrelinesque s’affiche comme tel… refusant par la-même le faux semblant de la représentativité, rendant habituellement les mouvements plus acceptables. 

Certes le symbole du fifrelinesque de la pensée n’a rien à voir avec le sujet de l’expression, religion et réforme des universités mais ils sont vraisemblablement sociologiquement liés dans une idée globale du refus, dans un mouvement d’agrégation corpusculaire des mahométans radicaux et de la gauche radicale. La seule « scientifique que j’ai connue qui croyait à l’astrologie » était également végétarienne, trimballeuse de cailloux pleins d’énergie... bref un aimant à nombre de croyances des marges, autre agrégat corpusculaire - croyances des marges où tout n'a  pas la même essence. Il est probable que les idées du refus de la réforme, s’attireraient moins les foudres du public si elles étaient représentée s par un ou une étudiante portant les signes en phase avec le message, des classes populaires en lutte pour l’accès au savoir – vêtements populaires et livres complexes et critiques (Marx par exemple ) qu’en étant représentées par un individu portant les signes ostentatoires de sa soumission à des idées conservatrices vielles de 15 siècles car cela semble manquer un tant soit peu de cohérence. Comment s'étonner si certaines personnes voient l’illégitimité délirante de la situation et la dénonce

Bien sûr appeler à la violence à l’encontre de cette femme est hors de propos et condamnable, en rire est suffisant mais faire remarquer qu’en l’espèce, elle est extrêmement peu crédible et qu’elle même applique une violence certes statique mais réelle à la majorité des étudiants et que ce faisant elle s’attire la violence légitime de l’état, est nécessaire et de bon sens. 

En refusant l’accès aux salles d’examen des étudiants, les protestataires croient peut-être déployer une énergie quasi nulle de leur faible nombre inactif, en fait ils s’opposent à la somme de toutes les énergies mobilisées par les autres étudiants depuis le commencement de l’année universitaire pour leurs réussites scolaires. La violence d’un geste n’est pas à calculer sur l’énergie qu’il coûte à celui qui l’effectue mais à la conséquence sur celui qui le subit directement.     

Qualifier « la violence d’apparence passive dans une démocratie »  de « résistance passive » forme d’action dans  les régimes où l’état de droit est bafoué, est un des hommages de plus que rend le vice à la vertu ou comme Tartufe avide et concupiscent prend le visage de l’ascète, Khomeini, rétrograde, manipulateur et violent prend le visage de Gandhi.  

mercredi 9 mai 2018

Carthaginis ruinam



Ils rêvent d’Europe sans savoir qui elle est
Comme un même pays plus riche, plus facile,
Les jeunes là-bas leur ressemblent pourtant,
Pourquoi n’auraient-ils pas là-bas aussi leur chance ?

Et ils restent au café, refusant de voter
Le moins pire est trop pire et pourquoi faire l’effort
De l’honnête, de l’effort, du juste compromis,
Le passé gagne encore dans les urnes trop vides.

L’Europe ne veut pas des fils de Tanis
Si semblables à ses jeunes et pourtant différents
Porteurs d’un passé sombre comme malédiction,
Elle ne veut de leur foi, a déjà ses démons.

Ils se noieront donc en masse dans leur café,
Leurs rêves et l’ombre des terrasses,
Dans nos indifférences mutuelles
A la réalité des mondes spirituels.

Grosse colère, ce matin, les islamistes remportent le scrutin en Tunisie. Je ne connais rien à la Tunisie que ce qu’en disent les journalistes, c’est-à-dire rien. Mais je suppose que les informations factuelles le sont : le taux de participation est faible ou très faible. Et dans cette Tunisie journalistique (Tj), les jeunes ne se sont pas déplacés et ont préféré rêver à l’Europe à la terrasse des cafés ou ailleurs. A Tj, il est hautement probable que nombre des personnes qui tenteront de traverser la Méditerranée n’auront pas plus voté que les autres. Parmi ceux-là, ceux qui périront en mer n’auront-ils pas voté en partie pour leur propre noyade ? 

Il n’est pas vrai qu’il est indifférent de baser sa vie sur des idées de mille quatre cent ans ou des idées modernes et plus scientifiquement fiables. Les idéologies ont toujours un coût prohibitif. En ne votant pas contre les rétrogrades, la Tj a choisi les rétrogrades. 

Rêver d’Europe sans faire le plus petit effort pour aller vers ce qui distingue politiquement l’Europe de la Tunisie, à savoir la démocratie largement détachée de la religion, est blessant pour moi. J’en veux certainement à la Tj de décevoir l’espoir que j’avais en elle, la voir devenir le premier pays « Européen » d’Afrique du Nord. Elle vient de faire un pas de côté vers la Turquie d’Enarda, non vers l’Europe. Qu’elle le fasse par misère, par rejet…, parce que les candidats islamistes auraient été meilleurs, plus honnêtes, cela ne m’aurait pas blessé. Mais qu’elle le fasse dans cette contradiction ou plutôt dans cette limite, de ne rêver d’Europe que pour un niveau de vie, cela me blesse, car rêver de démocratie implique de la faire fonctionner et donc de voter. Mais probablement est-ce mon rêve de démocratie qui est rétrograde. Selon des études récentes, la démocratie paraît sans intérêt à un nombre croissant de jeunes occidentaux. Qu’importe le régime, pourvu qu’on ait l’iphone.  

PS : que les Tunisiens me pardonnent, je crois que je suis trop fatigué d’entendre dans ma vie syndicale « vous n’avez pas fait ci ou ça » par des personnes qui ne se déplacent même pas pour voter. 

lundi 30 avril 2018

Un mot



Je préfère nommer le monde
Que le chiffrer,
D’un mot seul, j’éclaircis le monde,
Si je le scande, je l’enchanterai.

Des chiffres, la folle sarabande,
La bile, le fiel, leur contrebande  
Me saoulent et à tout comparer,
Je me vomis en cette jungle à défricher.

Ô ces outils immondes,
Secs, froids et éthérés,
De la vie nulle sonde
Et j’ai mon cœur à déchiffrer.

Je préfère nommer le monde
Que le chiffrer,
D’un seul nom, j’éclaircis le monde,
Si je le scande, je l’enchanterai. 


Les mathématiques sont un langage sans sentiment. A l'utiliser pour tout autre chose que les sciences physiques, objet sans sentiment, ne sommes nous pas allés trop loin ? Les sentiments ne sont-ils pas la raison instantanée et complexe du vivant sur lesquels les quatre opérations sont sans puissance. A moins que le langage porte en son sein sa propre apologie et le dénigrement des mathématiques. Les étranges métis que sont les financiers qui chiffrent le monde, me désoriente à les fréquenter, optimisation, rendement, comme une langue étrangère d'un autre monde plaquée froide sur la vie.   

vendredi 20 avril 2018

Voyage amoureux



Ou t’amènera l’amour ?
À l’hôtel ou au musée ?
À un regard amusé ?
À la contemplation du jour ?

Ou t’amènera l’amour ?
Au bonheur ou au regret ?
Te prenant la main en secret
Ou paraissant au grand jour ?

Ou t’amènera l’amour ?
Au sourire à la dernière heure,
Au tendre partage du malheur
ou seul à la fin du jour ?

Il t’emmènera l’amour,
Ton cœur battant comme un tambour,
Au cieux, en enfer, tour à tour
Plus vivant à la fin du jour.

Qu’importe où t’amènera l’amour !
Pourvu qu’il te fasse signe un jour !
Qu’un jour, tu te sentes amoureux !
Qu’importe où il t’amènera, suis le !



Petite variation autour d'une belle phrase Khalil Gibran, le bon choix n'étant probablement pas de le suivre ou pas, mais jusqu'où. J'ai fait le choix un jour de le suivre jusqu'au musée et ma vie en a été changée d'une autre façon certainement que si je me fusse arrêté à l'hotêl. 

dimanche 18 février 2018

« Guillaume, les garçons, à table ! » ou une autre histoire de Blanche Neige



Dans mon travail de délégué du personnel, j’ai affaire à des personnes en difficulté. Il est clair que dans de nombreuses situations ces difficultés prennent racines dans des réalités concrètes : tâches impossibles à effectuer dans un temps donné, sans être formé… comportement abject ou maladroit du manager. Dans ce cas, la force de l’impact sur la santé du salarié peut être démultipliée par l’aspect symbolique du manager en tant qu’occupant dans notre culture une place assimilable à celui du père et plus généralement du parent – le terme hiérarchie soulignant par son étymologie le caractère sacré de l’ordonnancement des strates de l’entreprise, comme l’est celui de la famille au yeux de l’enfant. Il me parait important de faire prendre conscience de cet aspect aux salariés afin qu’ils adaptent leur stratégie de défense aux situations qu’ils subissent en désacralisant le manager et surtout en sortant du rôle que leurs parents leur ont assigné en tant qu’enfant. Pour l’avoir testé personnellement, cette pensée « ton père n’est pas dans la salle » m’a, à deux fois au moins, amené à interagir avec la hiérarchie dans le calme succédant à un état d’énergie très élevé voire dans un cas, à une colère dévastatrice. Se retrouver face à des représentants d’une entreprise avec laquelle je suis lié par un simple contrat, est infiniment plus reposant que d’affronter les mânes de mon père. D’autant plus que discuter avec mon père était chose impossible, ce dernier ayant toujours raison et quand il avait tort, ce qui était souvent le cas, être mis en défaut l’amenait à se taire pendant près d’un mois, ce qui est d’une violence passive grave. On comprendra dès lors facilement que rester dans cette symbolique, c’est me condamner à la violence verbale ou passive.

Cependant tout le monde n’a pas eu un père – aimant par ailleurs et ayant fait du mieux qu’il a pu en tant que père – comme le mien. Outre mon cas personnel, je cherchais un exemple qui permettrait d’illustrer la puissance du désir du parent sur l’enfant et qui saurait faire entendre que nous avons probablement tous des stigmates de cette relation si riche avec laquelle il nous faut composer pour en accepter certains aspects car merveilleusement positifs – mon père croyait au savoir et au travail qui sont deux outils pour résoudre des problèmes (ou pour s’en créer de plus grands en résolvant les plus petits), et pour s’occuper facilement – et pour se débarrasser d’autres aspects inadaptés dans le monde d’aujourd'hui - il était également idéaliste – ce que j’ai été et que je considère comme calamiteux étant donné que l’idéal nous pousse certes au dépassement mais aussi plus sûrement à la frustration – être idéaliste à 23 ans en mai 68, avant Mitterrand, a certainement plus de sens que l’être à 18 ans lors de la chute du mur de Berlin – l’idéal de la démocratie libérale étant le plus accessible des idéaux mais du coup aussi le moins exaltant.

L’exemple qui m’est venu à l’esprit, est celui très contemporain du film de Guillaume Galienne « Guillaume, les garçons, à table ! » qu’il est possible de comparer à l’histoire de Blanche Neige, preuve que cette histoire est intemporelle. Pour le conte, je me réfère à la version des frères Grimm qui commence par le rêve de la reine, mère authentique, cousant l’hiver à sa fenêtre d’ébène et se piquant le doigt, une goutte de son sang tombant dans la neige. La reine rêvera d’une enfant à la peau blanche comme la neige, aux cheveux d’ébène et aux lèvres rouges comme le sang.              

Qu’est-ce donc que l’histoire de Blanche Neige. ? Il est étonnant que cette histoire commence par un rêve, le rêve d’un enfant, et se poursuit par la naissance de cet enfant parfait qui bouleverse les hiérarchies, renverse la reine - sa belle-mère, fausse donc - et la condamne à mort. Bien sûr Pastoureau, l’historien des couleurs, nous dirait de nous méfier de ce trio de couleurs que l’on retrouve dans bien des contes comme le petit chaperon rouge mais plus que de la symbolique des couleurs, parlons de la symbolique du rêve qui se réalise, surtout du rêve d’enfant. Comme si l’enfant support de désirs, faisait tout pour être agréable à ses parents dans la mesure où cela lui est possible, ce que de nombre de parents ont pu constater.

Ainsi cette reine souhaitait un enfant différent des autres, tout comme la mère de Guillaume souhaitait un enfant différent de celui qu’elle a eu à savoir une fille non un troisième garçon. Tout pourrait aller pour le mieux pour ces enfants, mais Il y a une faille dans la moralité de la société où ils naissent, dans la légitimité du pouvoir de la reine, elle n’est pas la mère de l’enfant, elle n’est que sa belle-mère et comme toutes les belles mères  des contes, elle est d’une nature viciée. Pour rester intemporel, le conte ne doit en aucun cas détailler la raison de cette illégitimité, une valeur sans guère de sens comme la beauté qui n’est qu’une affaire de norme, suffit.

Et de même, la belle-mère de Guillaume, son souci, c’est la normalité de la société, une société qui prône l’égalité des genres mais qui ne la respecte pas. Il se fait dans notre société comme une incantation à un miroir magique : « Nous sommes égaux, nous sommes égaux….. » inscrit partout mais la réalité est différente car la société traite la moitié de ses membres comme des êtres inférieurs de façon illégitime car de toute évidence, cette réalité n’a plus aucun fondement théorique, les femmes ayant démontré leur capacité dans la totalité des activités humaines.

L’enfant est donc par son anormalité, un être qui gêne, l’être qui démontre que l’incantation est fausse. Blanche Neige est plus belle que la reine. Guillaume est un garçon agissant comme une fille, un être supérieur qui trahit sa caste pour arborer les comportements de la caste inférieure, un traitre donc, et de ce fait, malgré la théorie, il est loin d’être accueilli comme un égal. Il est donc voué tout comme Blanche à la vindicte de la reine et à la mort. Comme Blanche Neige, Guillaume, à son adolescence, quand l’invisibilité de l’enfance s’est évanouie, est envoyé à la mort – son père veut une transformation complète de son fils, donc sa mort symbolique - dans un collège, un lycée de garçons qui le bizuteront pendant deux ans et l’amèneront à proximité de la mort réelle. Guillaume comme Blanche Neige s’enfuit et il va se réfugier en Angleterre. Dans un monde où son étrangeté n’interroge et n'inquiète personne tout comme l’étrangeté de Blanche Neige dans le monde Des nains. Il est français, il n’a pas de genre et il ne comprend d’ailleurs rien à la forme de relation amicale qui se tisse entre lui et un anglais, simplement bienveillant comme on peut l’être avec l’étranger parfois. Blanche n’est pas naine, cette asperge ne saurait non plus intéresser les nains.

Mais la haine de la reine est tenace et à plusieurs reprises, 3 fois dans le conte, celle-ci tente de tuer Blanche-neige (par un lacet, un peigne puis la pomme, fatale). De même la normalité va tenter de tuer Guillaume à nouveau. Ce film qui paraît une comédie, représente quand même un jeune homme, ingurgitant une multitude de médicaments pour arriver à survivre, mue d’une rage de se détruire par haine de soi. Et aussi pour trouver sa place, il prend des risques avec d’impossibles amants qui ressemblent plus à des croque-mitaines qu’à des amoureux, à des nains aussi dans leur absence d'amour. Loin d’être une comédie, c’est bien film initiatique.

C’est presque par hasard que le prince, qui représente le monde nouveau, la consécration l’acceptation, la nouvelle normalité, découvre Blanche Neige. De même, c’est presque par hasard que Guillaume se découvre. Il est évident que Guillaume aime les femmes. Il suffit de voir cette scène sublime où il parle de leur respiration comme d'un art, détail remarqué grâce à son admiration bien avant qu'il ne réintègre la normalité. Dans cette scène où la caméra glisse sur une multitude de femmes parlant les unes aux autres, on sent tout l’amour que Guillaume peux avoir pour les femmes, pas du désir, de l’amour, de l’admiration. Et c’est par hasard, que le prince, le roi en devenir, ici une femme, prince d’une société qui tend vers une société du soin, rend la vie à Guillaume par une simple phrase : « les filles, Guillaume, à table ». Cette simple phrase effectivement remet la normalité dans l’ordre et reconnaît le caractère masculin de Guillaume, comme le prince par son amour reconnait la perfection de Blanche neige. Et comme par un hasard enchanteur, dans la même soirée, Guillaume rendu à sa normalité, tombe amoureux d’une femme – il est un homme, il y a droit, il a droit à la vie. Et il se révèle à tous comme une nouvelle normalité d’une réalité plus stable, plus intelligente, plus évoluée car véritablement légitime. Blanche Neige devient reine car elle est la plus belle, comme Guillaume représente l’homme adapté au monde d’aujourd’hui à savoir un homme ne désirant pas seulement les femmes mais les aimant réellement comme au moins ses égales et beaucoup plus puisqu’il a rêvé dans le passé d’en être une.

Guillaume résout un des paradoxes du monde d’aujourd'hui : comment aimer ou prétendre aimer un être que l’on tient dans l’infériorité, et que l’on considère comme inférieurs. Il ne faut plus le prétendre, il suffit de le faire et ce faisant de dissoudre les comportements de genre.
Ce sacrement s’effectue ici de manière évidente, par le triomphe de sa pièce, de son film, et la considération qu’il obtient en tant qu’acteur. Ainsi, Blanche Neige, tout comme « Guillaume, les garçons à table », est le conte d’un des modes de la transformation de la société par la projection du désir de la génération précédente sur la génération à venir.

La mère de Guillaume en rêvant d’une fille dans une société patriarcale ou le désir de fille est une aberration–comment peut-on désirer un être inférieur comme descendant ? – révolutionne le monde, car ce désir se pose sur un garçon est réuni ainsi les contraires. La mère de Blanche Neige en désirant une fille qui soit rouge comme le sang, aux cheveux noirs comme l’ébène, à la peau blanche comme la neige, rêve d’une enfant parfaite qui réunit tous les contraires. Dans ces  deux contes, l’ancien monde est renversé. Et c’est bien ce renversement auquel nous assistons, avec des gloire du passé qui deviennent des parias et des proscrits, tout comme la belle-mère mère, condamnée à une mort atroce dansant dans des chaussures de fer chauffées à blanc, tout comme les représentants de l’ordre ancien du film, les frères de Guillaume notamment, presque fratricides, ridicules, violents et stupides éclipsés par le génie de Guillaume.

Il est évident que la société se transforme soit par le travail de la génération précédente soit par le désir de la Génération  précédente qu’elle plaque sur la suivante afin de corriger les contradictions que la société contient car ce travail se heurte à l’inertie sociale et peut nécessiter plus d’une génération pour s’accomplir. La figure évidente de cette transformation, se trouve dans le héros qui réalise une tâche que son père n’a pas su accomplir lui-même – le petit poucet qui sauve sa famille de la misère. La sagesse populaire  n’en a pas moins trouvé une autre figure, plus étonnante, d’un être déclassé, une fille, qui accompli cette transformation d’une façon quasi passive – Blanche Neige est d’une sottise rare en étant empoisonnée trois fois dans les mêmes circonstances et sauvée deux fois par les nains, tout comme Guillaume qui ne reconnait pas les mains qui se tendent. Guillaume Galienne, lui, auteur et acteur, a du génie. C’est le mythe de Blanche Neige, dont « Guillaume, les garçons à table » est une sublime réalisation.

Ainsi vont les valeurs – égalité, travail, discipline, mérite … - des parents de s’imprimer sur la vie de leurs enfants. Imaginez bien salariés que si la mère de Guillaume a pu transformer son fils en fille, dans un pays sexiste,  sans réellement s’en rendre compte, vos parents vous ont doté de valeurs qui peuvent vous conduire à la richesse mais aussi à la mort. Combien de « Guillaume » se sont suicidés ou sont morts battus dans des « bizutages », comme l’un des protagonistes du secret de Brokeback mountain ? Les contes de fée ne servent qu’à survivre, ils se terminent toujours bien. La réalité, il y a la tragédie pour la raconter et les morts y sont souvent plus nombreux que les survivants. Voilà pourquoi il nous faut faire le point avec cet héritage et ne conserver que ce qui nous sied… pour rester dans le conte de fée, l’histoire qui se termine bien. A moins qu’idéaliste, nous souhaitions en conscience mourir pour elle, mais là se fondent la religion et ceci est une autre histoire.     



PS : On pourrait se poser la question, du parallèle avec le conte de Tarzan qui a amené un point de vue intéressant sur la question du colonialisme. Je laisse cette question en suspens car le sujet m’intéresse moins étant plus historique que celui-ci, tellement actuel.