vendredi 30 mai 2014

Présence


Je suis là.
Et Tu n’y es pas.
Quand j’étais là,
Tu n’as jamais fait que passer
Comme une lumière.
A peine es-tu là
Que je n’y suis plus,
Que je suis ailleurs,
Dans mes mots
Dans la ligne de ton regard
Dans mon estomac
Dans ma peur,
Dans mon désir
Dans tes cheveux noirs
Dans l’encoignure de tes lèvres.
Ailleurs...
Mais je ne suis plus là.

Je t’aime
Et tu ne m’as jamais rencontré…
Les amoureux ne se rencontrent jamais

Pas plus que le feu et l’eau.
Parfois ils se croisent
De loin
Comme une lumière.

Et je ne suis que l'ombre d'un poète.

lundi 26 mai 2014

Banlieue

Dans les villes aux arbres carrés
Au matin, quand tout est déserté
La lumière jaune souligne livide
L’ennui, la laideur et le vide.

 
Ce cancer géométrique
Ou le beau meurt sous le pratique
Grignote, dévore et ronge
Arabesques, volutes et songes

 
Où va le passant dans ce froid labyrinthe
Que les lampes noient, ploient ou éreintent
Vers son oubli, son évaporation
Comme l’ultime témoin de la passion.

vendredi 16 mai 2014

Le vieux con



Ne lui en veuillez pas jeunes filles
Si il plaisante, si il babille
Si dans son déraisonnement
Il vous fait un compliment.

 
Dans son esprit il a seize ans
Et ses cheveux blancs sont charmants
A se voir tous les jours devant sa glace
Il oublie sa laideur et sa disgrâce.

 
Et ses tâches de vieillesse
Qui vous dégoûtent, qui vous agressent
Ce n’est pas qu’il ne les voit plus
Mais bien qu’il ne les a jamais vues.

 
Vous le verriez projetant les photos
De ses vacances au bord de l’eau
S'étonner de son ventre et de ses rides
De son teint cireux et livide

 
Peut-être vous ferait-il pitié
De le voir si désemparé,
Car il frôle la commotion
Quand il a une érection. 

 
Ne soyez donc pas trop cruelles
Quand il se risque à vous dire belles,
Faites lui l’aumône d’un sourire
Car vous avez le temps d’en rire.