Nous avons sacrifié les dieux
Sur l’autel de nos rires
Et de nos stylos comme épieux
Porté la fête jusqu’au délire.
Sur l’autel de nos rires
Et de nos stylos comme épieux
Porté la fête jusqu’au délire.
La poussière rouge de leur gloire
Nous l’avons porté à nos lèvres,
Nous avons écrit notre histoire
Des lambeaux salés de leur rêves.
Nous l’avons porté à nos lèvres,
Nous avons écrit notre histoire
Des lambeaux salés de leur rêves.
Ce qu’hier, ils ont fait
Des pierres et des livres antiques
Ils nous le compte comme méfait
Nos nouveaux rites initiatiques.
Notre religion est liberté
Et nous communions à dessein,
Dans la plus grande volupté
De la chair et du sang des saints.
Notre seul crime sacrilège
Fondant notre civilisation
Est de confondre les fadaises
Des affamés de tradition.
Des pierres et des livres antiques
Ils nous le compte comme méfait
Nos nouveaux rites initiatiques.
Notre religion est liberté
Et nous communions à dessein,
Dans la plus grande volupté
De la chair et du sang des saints.
Notre seul crime sacrilège
Fondant notre civilisation
Est de confondre les fadaises
Des affamés de tradition.
Certains débatteurs ont qualifiés
les manifestants du 11 janvier 2015 de « crypto chrétiens » venant
défendre dans la rue le droit d’insulter la foi d’autrui. Ce point de vue est
intéressant, j’étais à ces manifestations et ma mère qui est revenue du
Portugal, une grande croix d’argent autour du cou, se mettant à revendiquer ses
racines judéo-chrétiennes pour s’opposer à l’islam, pourrait être qualifiée de
crypto-chrétienne, mais elle n’y était pas. Elle existe cependant et cette
tendance aussi. Pour ma part, pour défiler, je n’ai pas ressorti la médaille de
mon baptême et n’ai nul envie du retour de la religion chrétienne dans l’esprit
de nos concitoyens pas plus que l'installation d'une foi foutraque, née il y a
1400 ans en Arabie et dont l’intérêt civilisationnel reste à démontrer. Et les
personnes qui m’ont accompagné ne désiraient insulter personne. Que s’est-il
donc passé le 11 janvier ? Avons-nous défilé pour avoir le droit
d’insulter la religion d’autrui ?
Bien plus qu’un christianisme,
de crypte ou non, un athéisme assumé m’irait bien, sans nihilisme, assumant que la
vie a le mérite d’exister et si elle n’est pas la preuve de l’existence de
dieu, elle est au moins la preuve de la nôtre et qu’a défaut d’avoir un sens
révélé, on pourrait lui en donner un nous-même avec certes un peu d'effort mais
pas tant que cela. Il suffirait d’utiliser le beau, l’amour et le savoir, qui
sont trois valeurs ayant l’avantage d’être trois, n’oublions pas le marketing,
et de remplir la vie sans trop de danger et d’autre chose que du vide dont nous
sommes remplis. Certes l'autre, l'aimé est tout aussi vide que nous mais comme
en mathématique l’ensemble des ensembles n’est pas vide car il contient au moins
l’ensemble vide. Ainsi si la vie de l’aimé n’a pas de sens, la vie de l’aimant
a pour but la vie de l’aimé. Et à tout prendre, c’est déjà quelque chose.
Pour voir les choses de manière
dynamique, nous sommes passés d'une multitude de Dieux symboliques, à un seul
dieu, tout aussi symbolique, la logique de cette voie du dénuement, est de se
débarrasser des derniers dits uniques et pourtant beaucoup trop nombreux qu’ils
nous empêchent de cohabiter tranquillement. Qu'ils sont bruyants, ces voisins du dessus, ils pourraient enlever leurs talons aiguilles.
Plutôt que d’assister à la victoire
d’un seul dieu, quel qu’il soit dans le sang, la solution la plus simple est de
se débarrasser du sien en attendant que tout le monde fasse pareil, dans une
logique pacifiste : avant de rentrer en négociation, je pose mon arme au
vestiaire. Nous pourrions donc voir la France, aux églises vides et aux
cuisines débordantes d’activité, comme le premier pays initiant un nouveau
cycle. La cuisine est un lieu de culture du bon en commun qui pourrait précéder
le beau… qui lui est très mal en point compte tenu de l’enlaidissement général
de nos villes. Je ne sais si le savoir à la cote mais dans mon petit milieu, on
parle souvent de philosophie, bien plus qu’avant en tous cas, ou alors j’ai
vieilli tout simplement. Quant à l’amour, ce
point est tellement personnel qu’il est difficile de s'en faire une idée générale de son réel intérêt. Pour ma part, je suis pour.
Le 11 janvier, point de départ,
point final ? Dans les processus de création d’une civilisation, René
Girard (ce que je crois en savoir et je n'en sais pas grand chose) parle d’un sacrifice fondateur – Celui s’Abraham, de Moïse, Socrate
( ?), le dernier des sacrifiés venant clore le cycle, Jésus, sacrifié
consentant se sachant innocent si on oublie entre autre Martin Luther king,
Louis XVI, Gandhi (cherchez l'intru)… Dans les sacrifices, si j’ai bien compris, le sacrifié se
doit d’être innocent, pour qu’il ne devienne pas un simple condamné pour faute
mais le ciment du groupe, d’assassins ou d’autres innocents, dont le sacrifice
actuel se justifie eu égard au sacrifice passé. Je n’ai pas la capacité de
trancher ce point. Car au contraire de Moïse qui sacrifie les adorateurs du
veaux d’or – désignés coupables, d’Abraham qui sacrifie son fils, et puis non, un bélier
passant par-là, innocent, chez les chrétiens, il est difficile de trancher qui
des bourreaux-assassins et des innocents ont fondé une civilisation. Constantin
est héritier de l’Empire, le bourreau, mais les chrétiens sont plutôt fils des
rebus de l’empire, femmes, esclaves, donc innocents, se regroupant derrière leur semblable, un
dieu, mort innocent comme le dernier des derniers. Un dieu de la multitude
contre les dieux des forts, des guerriers… Le pouvoir récupère tout, et je
parierai bien que les bourreaux cachés au milieu des innocents ont escamoté la
civilisation pendant longtemps jusqu’à la réapparition bien que très timide de la jolie valeur d'égalité.
Le
sacrifice - ils se savaient menacés - des créateurs de Charlie est-il de nature à créer une civilisation ?
Ils étaient innocents, de simples dessinateurs et leurs propos n’étaient pas plus
insultant envers les croyants que la multitude des textes des croyants
vis-à-vis des athées ou des uns vis-à-vis des autres. Et ils sont insultant vis à vis des terroristes que des croyants d'ailleurs, mais pour cela il faut savoir lire. Leur tort est qu’ils sont très efficaces, vu qu’il est difficile de se moquer de croyances qu’ils, - les caricaturistes -
n’ont pas et par là ils empêchent toute réciprocité verbale « Ah, votre
dieu est nul, il est mort comme un faible » « Ah votre prophète,
c’est du flanc, c’est juste l’Alexandre le Grand de l’Arabie, pff ». Ils mettent
tout le monde d’accord contre eux « Vos assurances vies sont des contrats
sans cause, juste ridicules » . Je sais le côté « c’est lui qui a
commencé » est un peu faible, mais… l’insulte commence toujours là où on
veut la voir commencer. Les juifs insultaient les nazzis par leur seule
existence et il en est ainsi de tous les innocents qui ont croisés des abrutis armés se sentant
investis d’une quelconque vérité ou supériorité, et souvent les deux, de toutes
les origines possibles. Me voilà donc avec une comparaison, qui vaut ce qu’elle
vaut mais qu’il me paraît intéressant à réfléchir… Pouvons nous fonder une nouvelle religion basée sur l'humour ? Pour l'église, le monument pour se rassembler, on a déjà le sacré coeur qui est une caricature...
Ecrivons les saintes paroles de
Charb, Cabu , Wolinski, Maris - ils en ont déjà laissé beaucoup - et des autres, 4 évangiles, c’est plutôt bien…
Les douze apôtres sont trop nombreux, je ne me souviens jamais des symboles, à
part Barthelemy grâce à Michel-Ange. Un slogan : "Moquons nous les uns les autres comme nous rions de nous-mêmes, avec amour".
On a 40 ans pour commencer à fabriquer une légende.
On a 40 ans pour commencer à fabriquer une légende.
Je pose mon caillou à défaut de pierre avec ce poème.
Longue vie au rire.
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