jeudi 17 décembre 2015

Valse automnale



Dans les feuilles mortes de l'allée
Elle marche, elle et ses pensées
Le soleil joue des jaunes et des marrons
Avec sa joie et sa peur de l'abandon.

La lumière se double d'une autre lumière
Fusant du cœur et de ses yeux clairs
Du nom même du rayon de soleil
Brûlant et froid comme le ciel.

Plus vaste que le monde est son esprit
Plus sombre et plus amer aussi.
Mais les rouges et jaunes de l'automne
Vibrant au soleil la console.

Et les deux lumières se mariant
La ramènent en souriant
Au ballet des feuilles que le vent
Soulève sous ses pieds dansant.



For AAA



For AAA

mercredi 9 décembre 2015

Dimanche, allez voter

L'idéalisme a encore frappé. L'idéalisme de la race arienne a donné le nazzisme, celui du partage des moyens de production a donné le communisme. L'idéalisme est un poison de l'esprit humain. L'idéalisme phanstamatique est celui qui vous pousse à cracher sur l'être que vous aimez parce qu'il (elle pour moi en l'occurrence) ne correspond pas à une gravure de mode, une star, un people. Comme le chante si bien le poète "Nous avons pour plaire à la brute digne vassal des démons, insulté ceux que nous aimons et flatté ceux qui nous rebute" (Charles Baudelaire).

J'ai la chance de participer à une formation où je côtoie beaucoup de trentenaires. Pour la première fois depuis mon lycée privé où j'ai dû supporter quelques fils de bourgeois ultraréac, je rencontre des gens qui disent nous, en parlant du Front National. Des trentenaires qui refusent de soutenir les partis de démocrates parce qu'ils mentent aussi. Et j'ai peur... je croyais que le même rempart qui a maintenu Le Pen père hors des pistes de la république en 2002, le ferait aussi pour sa fille en 2017, que les gens si ils avaient le choix entre un parti certes peu vertueux et un parti marchant aux hallucinogènes (retour de la retraite à 60 ans, 200 euros de plus par mois pour les bas salaires pour un pays ruiné, rien de plus facile... pour ne reprendre que les plus récentes élucubrations de Mme Le Pen), choisiraient le moins pire. Je crains que nous n'ayons plus cette sagesse et qu'aujourd'hui si on nous donne le choix entre la peste et un gros rhume, le pays est prêt pour la peste, simplement parce que nous n'avons plus l'intelligence de supporter un gros rhume.

La démocratie n'est pas un système parfait, surtout pas la démocratie française, mais de là à ne pas souhaiter y participer parce que cela veut dire cautionner un système défaillant et laisser parvenir le pire -  les extrêmes - au pouvoir est le signe d'une crise intellectuelle et morale calamiteuse. Ces "jeunes", adultes, parents, sont des enfants gâtés qui ne se sont battus pour rien, si ce n'est pour eux-mêmes, dans un combat certes très difficile contre le chômage mais pour rien d'autre qu'eux-mêmes. Ils n'ont pas investi les partis, les syndicats pour changer leurs modes de fonctionnement. Ils sont en dehors du monde et n'ont même pas conscience que le monde va les rattraper. Ils attendent que le monde change comme Apple sort un nouveau Ipad, sans effort, sinon celui de l'acheter. Ils n'ont aucun espoir de changement, aucune solution mais sont prêts à l'aventure pour leur pays - un pays où vivent leurs enfants - simplement parce qu'ils ne se résignent pas à ce que la vie soit non pas le choix du meilleur, mais le choix du non-pire. Comme ils n'ont pas le paradis, ils se persuadent que l'enfer leur sera indifférent.        

Pauvres enfants gâtés, où avez-vous vu que les hommes politiques devaient être honnêtes, ils se battent comme des chiens pour eux et accessoirement leurs idées et certains pour leurs idées et accessoirement pour eux. Où avons-nous vu que les hommes politiques étaient moins vertueux que ceux que nous côtoyons dans nos entreprises, qui truquent les bilans, font des campagnes publicitaires "respectueuses de l'environnement" pour des produits polluants, marchent sur leurs collègues pour monter. Ils sont l'exacte réplique de la société. Qui peut réellement se prévaloir de vivre dans une microsociété plus vertueuse que celles des politiciens ? Qui n'a pas une amie s'étant faite larguée par un tweet. Je ne vote pas par certitude de l'honnêteté d'un tel ou d'une autre. Comment le saurai-je ?  Qui peut sans s'étoufer croire à l'honnêteté de Mme Le Pen, son père, peut-être ?  Je vote, me basant sur mes connaissances historiques, qui ont démontrées qu'il n'y a rien à attendre des extrêmes que du sang, de la boue et des larmes.   

Le mensonge est un des fondements de la vie en société. Appelons le la gestion de la communication, ou la gestion des émotions, les nôtres et celles de notre interlocuteur. Nous ne devons la vérité qu'à ceux qui ont une légitimité à l'obtenir et encore avons-nous le droit de gérer nos émotions. Il n'est pas utile de répondre à la femme qu'on aime, qui nous demande "A quoi penses-tu ?" la vérité suivante "La jeune femme qui passe est juste craquante" et d'autant moins si notre conscience du ridicule, de la chienlit que constitue l'adultère, ferait que même notre femme absente, nous irions non pas aborder la jeune femme en question, mais rêver à notre merveilleuse épouse en contemplant dans un musée ou une cathédrale, des représentations de la femme absolue : la vierge Marie - pur phantasme et mère et vierge, phantasme totalement inintéressant d'ailleurs pour l'homme moderne, mais qui a donné les plus merveilleuses représentations qui soient, conscient que l'idéalisme doit rester au rang du rêve et de l'art. Rien ne nous oblige à cette vérité désagréable pour la femme aimée car elle n'a aucune utilité. Le mensonge, la gestion de la communication est nécessaire à l'amour, à l'amitié, aux relations humaines, à la politique...

Et ce n'est pas un problème. La vie est comme cela et il nous faut l'accepter. Être adulte, être responsable, c'est travailler sa lucidité et accepter le réel. Et répondre réellement, sur notre faiblesse et notre petite liberté et utiliser ce peu de liberté, la seule chose dont nous soyons responsables. Ce n'est pas faire "d'une imperfection du monde", qui est en fait un équilibre éthique difficile à trouver entre le besoin de gérer des émotions primaires et le besoin de confiance et donc de vérité, un problème, comme un enfant fait un drame d'un rien par manque de recul. Car il n'y a pas de solution. Un problème qui n'a pas de solution, n'est pas un problème, c'est une contrainte. A court terme, il nous faut faire avec.

La mort est une très vieille contrainte de la vie, elle a été transformée en problème. Certains lui ont inventé une solution : les religions, qui elles, pour le coup se sont réellement transformées en problème. Il est infiniment plus sage d'accepter notre insignifiance et notre finitude, que d'inventer des utopies - une démocratie parfaite - dont nous savons qu'elles se transforment toutes en enfer.

Si vous croyez vraiment que Mme Le Pen va apporter des solutions, votez pour elle - jusqu'à preuve du contraire, elle respecte les institutions - mais choisissez, ne vous comportez pas comme des enfants boudeurs, déçus de n'être que ce que vous êtes ! Presque rien. Car nombreux restent ceux qui veulent vous transformer de presque rien, à rien. Dans ce presque, il y a tout un infini et beaucoup du plaisir de vivre.

Dimanche, faites un choix, le vôtre, allez voter.

lundi 7 décembre 2015

Regrets


Amour, pourquoi t’ai-je donc goûté
Tout me paraît fade à présent,
Dieu, le monde et la beauté,
Tout me laisse, indifférent. 
 
Que n’ai-je su t’écouter
Quand tu me mettais à feu, à sang,
J’aurai dû tout te donner
Et me voilà un mort-vivant.

Qu’est-ce vivre ? Sinon t’obéir à la lettre ?
J’ai eu peur et je n’ai pas osé,
Et me voilà traité
En traitre.

J’attends que tu veuilles bien revenir
Remettre la lumière dans ma vie
Mais je n’ai que des souvenirs
Et le jour est semblable aux nuits.

mardi 1 décembre 2015

Promenade

La porte du jardin
Dans son cadre disjoint
Envahie par le lierre et la vigne
Se tait, se cache, mais se devine.

Il faut en pousser la porte
Et bien qu'un grincement en sorte
Entrer là à pas feutrés
Entre les roses et les pommiers.

L'herbe dans les allées
Fraiche et humide sous les pieds
S'affole, s'amine et se sauve
Comme à l'arrivée d'un fauve.

Le regard suit la vie fuyante,
Des fleurs aux feuilles, des feuilles aux plantes
Nous amène sans le deviner
A nous perdre dans les bosquets.

Le vantail est entrouvert
Sur le beau jardin désert,
De notre visite passée
Ne reste qu'une touffe d'herbe froissée.

lundi 23 novembre 2015

Les saisons d’un départ



Savez-vous que vous m'avez manqué ?
Votre sourire et vos beaux yeux,
Le flot courant de vos cheveux
Toujours vivants, toujours renouvelés.

Oh le beau paysage d'automne !
Je m'y dissous et je frissonne,
Demain déjà, il disparaît
Comme les ors de nos forêts. 

Demain ne sera plus que vide,
Ce bureau gris, comme un pays livide,
Plus de rires, plus de jeunesse,
Les enfants partent, et l'hiver reste.

Je vous bénis, si beau printemps
Que je n'ai admiré qu'un bref instant,
Heureux que vos roses et vos lilas
Parfument déjà d'autres bras.

Nous reverrons-nous à l'été ?
Vous plus belle et plus ensoleillée.
Offrez moi donc cette espérance
Comme panacée pour votre absence. 





Petit poème pour le départ de ma charmante voisine de bureau. Je le lui ai même offert 15 jours avant son départ et elle ne m'a même pas mordu. Réellement charmante.




lundi 16 novembre 2015

A Paris, rien de nouveau



La pluie tombe, le soleil brille, les peintres peignent, les caricaturistes caricaturent, les musiciens jouent, les hommes et les les femmes s'aiment, n'importe comment, comme ils peuvent en mélangeant les genres et les poètes, petits et grands, composent des vers. Et les assassins tuent, comme le soleil brille, depuis toujours.

Cependant il n’y avait pas (ou si peu)  une seule femme parmi les assassins, pas une seule, mais probablement la moitié parmi les victimes.  Ce n’est  pas qu’une parole philogyne, c’est aussi un espoir, car ce n’est pas un hasard mais le fruit d’une éducation. Et parmi les victimes, il y avaient des amoureuses, des musiciennes, des poètes...  et il en reste des milliers, plus que des assassins.

Samedi, nous avons acheté un beau violon pour ma fille cadette, sonnant et vif comme une cloche et dimanche un concert s’est organisé avec leurs meilleures amies. Un concert de rien du tout avec des pièces de débutants mais c’était plein de rires, de sourires et de joie, simplement beau. Ils ne peuvent détruire la beauté du monde, elle les dépasse trop.  

Et le temps nous effacera, tous, pour composer de nouveaux tableaux. Rien de nouveau sous le soleil depuis Abel et Caïn, si ce n'est le Louvre, Notre-Dame, le musée Guimet... Paris 

Votre inéluctable défaite

Et même si vous gagniez,
Les oiseaux continueront de chanter,
L’eau de bondir dans les torrents
Les fleurs de fleurir au printemps.

Même si vous nous abattiez tous
Le monde chantera sans nous,
Et comme de vulgaires rats,
La montagne vous ignorera .

Même si il ne restait qu’un livre
Il y aura toujours des cœurs, ivres
D’avoir vu l’être aimé,
Pour en écrire et pour en composer.

Servez bien la mort, votre maître
Elle vous emportera, vous, les traites,
Car la vie c’est le mouvement
Et la terre tourne indéfiniment.

Votre combat est perdu d’avance,
Il n’a d’ailleurs aucun sens,
Car immortelle demeure la vie
Comme l’amour et la poésie.