Comme nombre d’entre nous, j’ai été au chômage pendant, j’ai fait l’armée et j’ai travaillé comme thésard à l’université, j’ai eu donc l’occasion d’être humilié, méprisé, insulté… cela a généré beaucoup de douleurs et de souffrances – pauvre petit garçon riche dans un pays en paix. Cette souffrance s’est transformée en haine, en révolte qui entretenait la souffrance. La seule façon raisonnable, réaliste de briser le cercle, c’est de pardonner les autres mais soi également, en demandant le pardon c’est mieux. Là vous croisez la philosophie chrétienne dont vous vous demandez si sur ce sujet elle est dépassable.
Quand vous avez eu une illumination pour votre épouse, que cette illumination, vous l’avez mise en vers à une vitesse qui vous impressionne vous-même, vous pouvez également vous interroger : « Ce poème est-il dépassable ? » D’autant plus quand il s’appuie sur une expérience vécue et des vers de Baudelaire qui retrace probablement aussi une réalité profonde.
Le pays qui te ressemble
Mon enfant, ma sœur
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre
Ensemble
Aimer à loisir
Aimer puis mourir
Au pays qui te ressemble
C. Baudelaire
Cette beauté est la tienne mais ne t’appartient pas.
Elle sourd à chaque geste, à chacun de tes pas.
Elle tient de la forêt sur les hauts des plateaux,
Des chemins sablonneux qui suivent les ruisseaux,
Des murs gris sous le vent que verdit le lichen
Guidant les noirs troupeaux partant vers Compostelle,
De la Vierge figée sur son puy de basalte
Le regard perdu dans le bleu de cobalt
D’un(e) bande d’horizon, le soir au crépuscule,
De ces légers nuages attachés à la lune.
Elle a l’or du clocher montrant du doigt le ciel
Paré d’étoiles rouges sur le mur couleur miel.
Elle a l’apesanteur de ce grand reliquaire
A moitié dans le vide, à moitié sur la terre
Ce grand puits de silence en plein cœur de la ville
Bruissant en contrebas d’un ru d’automobiles.
Elle est aussi secrète que ce cloître caché
Dans ce fouillis de murs, ces murs entrelacés
Cette noire pyramide unie à la colline
Suspend ce vert jardin comme la mer une île.
Un espace clos ouvert seul sur le ciel
Un paradis perdu dans les murs de Babel
Une beauté qui a une saveur de Genèse
Souvenir d’un volcan, dont s’est éteint la braise
Dont je sens les échos quand le tambour roule
D’un pâtre mexicain qui amuse la foule.
Parfois l’après-midi, je m’éloigne de toi
Je pars me promener mais je reste avec toi
Une étrange beauté s’exhale sous mes pas
Cette beauté est la tienne mais ne t’appartient pas.
Si vous connaissez la ville du Puy où mon épouse est née, c'est plus clair. La cathédrale à moitié construite sur le vide, la vierge sur le mont Anis, ancien volcan d'où l'on voit le plateau du Devès, les forêts sur les gardes -sommet volcaniques - et le chemin pour St Jacques de Compostelle, le magnifique cloître roman caché dans un labyrinthe de rues, le clocher illuminé posé à part qui m'a amené à ce poème. Il y a également un festival de folklore où les troupes de pays lointains viennent jouer en pleine rue - d'où le pâtre mexicain - et dont les rythmes et les rondes m'avaient tant ému comme les échos d'un temps ancien de joies simples que nous aurions presque oubliées....
Pour ceux qui veulent voir de belles photos du Puy : http://www.phototrevis.com/contenu.php?id_cat=7&id_scat=11&id_page=38
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