Mon ami Éric fait de la photographie. Ce qu’il aime dans cette pratique c’est autant de fixer un instant qu’il a trouvé magique que d’y trouver également des détails qu’il n’y avait pas vus, que d’être surpris par le rendu du papier.
Il en est de même de la poésie. En revenant dessus on peut y trouver des pépites.
En repensant au texte du « tableau » outre les variations lumineuses, j’y ai trouvé des variations d’attitudes. Dans les personnes décrites, il y a celle qui donne beaucoup et prend peu, celle qui prend et donne peu, celle dont on ne sait ce qu’elle donnera, celle qui donne autant que ce qu’elle reçoit. Et dans la strophe concernant Christelle, puisqu’il s’agit d’elle, il y a autant d’elle que de moi, comme si il se passait une rencontre. Et c’est exactement ce qui s’était produit.
Nous sommes l’un et l’autre très différents, la relation a été tendue pendant un temps certain. Mais je n’avais pas le choix, il me fallait travailler avec elle. Cela s’est totalement modifié le jour où j’ai décidé de la rencontrer réellement. Je l’ai invitée au restaurant et nous avons simplement parlé de nous. Je me suis appliqué à me montrer comme un être humain et non comme un livre. Après ce moment-là, notre collaboration a été un vrai plaisir bien que nous fussions restés tout aussi différents qu’auparavant. Mais nous avions confiance l’un en l’autre.
C’est-elle qui sans le savoir et de par sa différence m’a poussé à écrire non mon premier poème, mais mon premier poème assumé. Une fois fini, j’étais moi-même surpris. « Je sais faire ça ? moi ? ». La rencontre modifie non seulement la vision que nous avons de l'autre, mais également du monde et plus encore de soi. C'est un bienfait dont il faut veiller à ne pas se prémunir. « L’autre est le plus court chemin de soi vers soi » disait Emmanuel Levinas. Il me semble bien qu’il ait raison.
Rencontre
Ta beauté est de celle que je ne connais pas
De celle qui me manque, que je ne comprends pas
Je suis pauvre de toi, qu’importent tes richesses
Pauvreté n’est en rien source de tristesse
Tu parais devant moi comme un roman nouveau
Dont la vie magnanime m’aurait fait le cadeau
Je plongerai bientôt au fond de cette histoire
Je lirai passionné le soir jusque fort tard.
A l’aurore fatigué, j’ouvrirai la fenêtre
Donnant sur le jardin et le frais du matin
Portera dans la chambre effluves et parfums
Le soleil sur le monde finira de paraître
La lumière, les odeurs, tout sera différent.
La vie aura ta grâce esquissée par le vent.
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