Après qu’un collègue m'a invité dans mon bureau à proclamer « la beauté du c.. des filles » sous peine soit d’être considéré comme un menteur ou pire comme un fou au « surmoi surdimensionné » incapable d’écouter sa nature profonde, j’ai eu deux comportements. Le premier parfaitement contrôlé consista à réfléchir via la littérature à savoir lequel de nous deux était le plus probablement dans le mensonge, le deuxième quasi contre mon gré de m’intéresser davantage à cette partie de l’anatomie humaine, tant il est vrai que j’avais déjà savouré le plaisir de l’admiration du corps féminin et que je m’interrogeais sur une possible hypocrisie de ma part.
J’arrivais assez facilement à trouver chez les écrivains des exemples des deux extrêmes entre un Sade objectivant autrui à l’ultime degré et un Verlaine qui dans « [S]on rêve familier » appelle la mort non par manque de sexe, mais de compassion, tendresse... Il y aurait beaucoup à dire sur la qualité des exemples choisis mais entre ceux qui vont jusqu’à l’assassinat pour aller au bout de leurs appétits charnels (charnels ? réellement ?) et les autres qui vont jusqu’au suicide parce qu’ils ne trouvent plus dans l’attitude d’autrui de quoi « rafraichir leurs fronts brulants », donc dans les deux cas, mort d’homme, les derniers me semblent les plus nombreux : nous avons une dizaine d’histoires sexuelles sordides en France chaque année et environ 10 000 suicides – chiffre terrible s’il en est. La gaussienne me semble donc décalée davantage vers ceux pour qui l’amour est vital que vers ceux pour qui le sexe est vital, mortel conviendrait mieux. Sachant toutefois que l’un comme l’autre sont importants mais à des degrés différents. Cette réflexion s’est trouvée étayée par non collègue lui-même qui m’a avoué un jour le peu d’importance du physique lors d’une de ses expériences amoureuses majeures.
Quant à la deuxième expérience, j’avoue que je n’ai tiré que très peu de plaisir à porter plus d’attention aux postérieurs des femmes, j’avais l’impression de perdre mon temps, un peu comme quand par fainéantise je fais un sudoku dans femme actuelle – que je sais que je vais réussir- au lieu de lire un roman même divertissant mais qui m’apportera un peu de surprise. Je me laisse aller à la mécanique – quoi de plus mécanique que le sudoku ? – au lieu de laisser une chance à la surprise, à la liberté, au hasard, à la vie, à la beauté. Au passage nous pourrions nous interroger sur la différence entre la mécanique et la vie – Au mieux cela génère de l’apathie au pire un désir frustré.
Cette expérience nous sommes très nombreux à l’avoir faite et mon collègue l’a fait de toute évidence, mais témoigner de cette réalité face au groupe lui était impossible. Tout d’abord j’ai cru qu’il fallait montrer qu’il est possible d’exprimer clairement sa sensibilité comme je l’ai fait en écrivant et récitant en public le poème « tableau ». A la réflexion, cela demande trop d’énergie, il faut être habité pour porter cela. En revanche, le mensonge n’a pas seulement le défaut d’être contraire à la réalité mais il est également très souvent risible. Finalement c’est la voie poétique de Brassens. Je m'y suis essayé :
Balade à nos belles amies
ou
Apologie de l’amour platonique
ou
La Beauté & le désir
Ou
Le sourire ou les hanches
Tes sourires ou bien tes hanches,
Aujourd’hui mon cœur s’épanche,
Comprendre quelle est la part
De toi qui me rend si hagard
Et quand heureux, je t’aperçois
Finalement qui me foudroie.
Ah bien sûr, tes belles hanches
Quand magnifiques elles se balancent
Leurs rondeurs que tant soulignent
De ta taille la douce ligne
Me rendraient l’esprit coquin…
Mais à temps je me retiens
Et réprime le fatal geste
Qui rendrait ta main bien leste
Me giflant et criant « infâme
Salaud ! Pense donc à ta femme !!!! »
C’est vrai, de ce point de vue
Ma femme est fort bien pourvue
Quand elle se glisse sous la couette
Elle sait bien réveiller la bête
Qui sommeille la sainte journée
Mais qu’éveille le bout de son nez.
Il est vrai ce serait benêt
Finalement que de divorcer
Causer tant de malheur, de tristesse
Pour une banale paire de fesses,
La quitter, ce serait crétin
Pour ce caractère si commun.
Car enfin à bien réfléchir
Ce qui nous fait vraiment fléchir
Pour Circé ou bien Sophie
Est-ce donc cette anatomie ?
Les femmes qui ont tant d’esprit
Pour trouver ce qui nous séduit
Souliers plats ou talons aiguilles
Pantalons, jupes ou mantilles
Décolletés ou col-Claudine
Cuir brillant, dentelle fine,
N’ont finalement pas exploré
Ce qu’offrirait la variété
De formes du bas de leurs dos
Pour nous rendre à moitié idiots.
Imaginons cinq secondes
Comme les plantes sont fécondes
A produire mille sortes de fleurs
Les femmes varient leurs postérieurs.
L’esthète dirait « je ne m’afflige
Que pour les venus callipyges »
Le moine rêverait, se flagellant
Des trilobes d’arches romans.
Le skieur crierait lubrique
« Vivent les culs paraboliques »,
Le moderne épris d’art abstrait
Chercherait un fessier carré
Et enfin l’original
Une raie bien horizontale.
Les imbéciles nationalistes
Se rendraient la vie bien triste :
L’irlandais « moi, je n’effeuille
Que des derrières à quatre feuilles »
Le gallois « je ne peux être ardent
Pour des reins manquant de piquant »
L’anglais irait morose
N’aimant que ceux sentant la rose
L’écossais ne saurait penaud
Quoi faire de son poireau
Et le coq français et fier
Irait aux folies-Bergère
Siffler les poules de la troupe
Pour les plumes ornant leurs croupes
Songes bien irréalistes
Rien de cela bien sûr n’existe
Si cela avait tant d’effet
La nature l’aurait déjà fait.
Parfois en te regardant
Je m’imagine promenant
Dans ces endroits que j’ai aimés
Jardins, montagnes et forêts.
C’est là l’effet de ta beauté
Hors de moi me faire voyager.
Mais voir cette pauvre gamine
Qui certes a la taille fine
Tatouée, piercée, peroxydée
Dont les fesses bodybuildés
Ne portent pas, c’est flagrant
Le poids des accouchements
Ne m’a jamais fait cauchemarder
Qu’au parking d’un supermarché.
D’ailleurs, mes plus beaux moments
Avec toi sont au restaurant
Quand je savoure rasséréné
La douceur d'être apprécié,
Cette sensation sans prix
De se croire parfois compris.
Mais pas à cause de ton cul
Tu es toujours assise dessus.
C’est donc bien ton sourire,
Qui me charme qui m’enivre
La vivacité de ton esprit
Qui m’a complètement conquis.
Qu’importe donc la bagatelle
Nous serons tous les deux fidèles
Toi à ton mari, moi ma femme
Il n’y aura donc pas d’infâme.
Ce ne sera pas compliqué
Ne sont-ils presque parfaits ?
N’ont-ils pas eu le bon goût
De nous choisir pour époux ?
Ne nous soutiennent-ils pas tous les jours
De la force de leurs amours ?
Mais, si je te fais un compliment
N’imagine pas que je te mens,
Que j’ai de vilaines pensées
Ce stade je l’ai dépassé.
Ne t’effraie pas si je m’amuse
A te prendre pour ma muse,
Il me faut bien exprimer
La force de mon amitié.
Je comprends enfin Baudelaire
Qui composant une prière,
« Son enfant, sa sœur » nommait
Celle qu’il avait tant aimée.
Ainsi ta beauté m’éclaire
Le monde de sa lumière,
Me change en philosophe, poète
Reprenant leur flambeau, je répète :
« Si le désir n’est pas désirable
La beauté, elle, est admirable »
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