vendredi 24 août 2012

Hommage

Dans les années 80, le génial dessinateur Reiser croquait l'histoire d'un homme d'un age avancé qui va aux putes pour le dire crûment et là au lieu de passer la nuit avec une femme comme il le croit d'abord, il passe la nuit avec un homme et visiblement dans la folie de la chair cela lui plait... Au matin, la magie est morte et la barbe pousse au menton de sa belle - la virilité serait donc plus affaire de poil que d'autre chose - et le désarroi le gagne. Rentré chez lui, sa femme le vitupère "Tu es encore allé voir les filles". "Non, je n'irai plus jamais voir les filles." Je me suis toujours demandé quel sens réel avait les propos de ce personnage de Reiser génial observateur de la confusion des genres à venir.


Confusion des genres

Un soir du côté du périph
Tirer ou pousser par le vice
Je chassais la belle de nuit
Les yeux humides, luisant d’envie
Je tombais enfin sur une belle
Habillée seulement de dentelles
Jambes fines et hanches rondes
Les seins pointés comme des bombes.

Rien ne vaut de l’expérience
Pour avoir de la tolérance.  (refrain)

Allumé et piqué au vif
Sans même négocier le tarif
Je l’embarque jusqu'à ma piaule
Et aussitôt je la dépiaute
Plongeant dans son décolleté
Devenant follement excité
Je l’embrasse et je la pétris
Pour m’interrompre, fort surpris
Car voilà qu’entre ses cuisses
Se dresse un bâton de réglisse.

Mais mon mouvement de dégoût
Se mit à fondre dans sa bouche
Car elle possédait à la perfection
Les techniques de sa profession.
Aiguillonné par le désir
Je m’enfonçais dans le plaisir
Et ne fis nulle différence
De genre malgré l’incohérence.
Une fois mon désir assouvi
Sur ma couche, je m’assoupis.

Mais je fus bientôt réveillé
Par la belle qui me massait
Elle s’y prît de telle façon
Qu’en cinq minutes, sans façon
Elle me rendait la pareille
Pour me hisser au septième ciel.
J’hésitais à la laisser faire
Me tirer dans le dos, par derrière  
Mais dans cette situation dépravée
Comment faire la vierge outragée.

Et plongeant à fond dans le vice
Je goûtais la saveur d’anis
Faut-il que je me le dise
De son bâton de réglisse.
Dieu que j’ai pris de plaisir
Dans cette nuit blanche de délire
Mais je m’interroge aujourd'hui
Sur fondamentalement qui je suis.

Cette pratique socratique
Est-elle base de la maïeutique
Je suis en pleine confusion
Entre la forme et le fond,
Ce que j’aime, ce que je désire
Ce qui me donne du plaisir,
Moi qui naguère homophobe,
Je suis prêt à changer de robe,
Prendre celle d’avocat,
Pour défendre cette pratique-là.

Et même si Robert me barbe,
Continue à me laisser de marbre
Et si les courbes des femmes
Me mettent toujours en alarme,
Quand je rencontre une pédale
Je ne saurai en dire du mal
A le traiter d’enculé  
Et non de privilégié,
Faut-il avoir de l’expérience
Pour avoir de la tolérance.

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