dimanche 25 novembre 2012

Cécité amoureuse

Joli débat,

l’amour rend aveugle dit le proverbe mais il rend aussi poète comme le chante si bien Brel et le dit aussi Platon dans le banquet. Et nous savons que les poètes sont des voyants pour reprendre A. Rimbaud tout autant que Jean Ferrat (le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon et l’avenir est son royaume). Alors ?
Comment faire la part de l’amour et de l’infatuation ? Jugeons des actions ou des choses sur plusieurs critères :
  • leurs intentions – mais l’amour n’a pas d’intention, si ce n’est l’intention de la survie de l’espèce qui est probablement son origine bien lointaine,
  • Leurs effets. Si la conclusion d’un amour est celle dépitée et vacharde de Swann « Dire que j’ai souffert… tout cela pour une femme qui n’était même pas mon genre, tout cela pour une femme qui ne me plaisait pas », certainement avez-vous été infatué. Mais si votre conclusion est de voir comme Saint Exupery dans les étoiles cent mille grelots et de percevoir l’essentiel invisible du monde, alors vous avez réellement aimé.
A moins que vous ne soyez capable de mettre de l'intelligence dans les choses les plus stupides. 


L’amour aveugle

Mon amour tel l’éclair
M’atterre et m’éblouit
Sans même besoin du tonnerre
Me sonne et m’assourdit,


J’ai observé dans mes nuits,
Mon paysage qui s’éclaire
A chaque zébrure de lumière
De ton regard qui me poursuit.


Le corps dévoré de frissons
J’ai parcouru les horizons,
L’onde des fleuves assombris
Où gît l’or pur de ton souris.


Trouvé les portes de mon âme
Ton prénom comme sésame.
Et j’ai touché et bu la flamme
Du buisson sur la montagne.

 
Et depuis je chante en vers
A l’étonnement des sots
Ces roulements du tonnerre
Dont j’entends encore l’écho.

 
Et mes jours sont comme mes nuits
Emplis de toi et de tes mots
Même si ton prénom s’évanouit
Que ton visage devient halo.

 
Ainsi malgré ma cécité
Poète, Je perçois du vent, la beauté
De l’invisible, des oubliés
Du présent, futur et passé

 
Comme Jupiter et Héra
Changèrent le brave Tyresias
L’amour, ce sentiment divin
M’a rendu aveugle et devin.

lundi 19 novembre 2012

J'aime le son du cor


Le cri d’amour du train hululant dans la nuit

Le serpent de lumière glisse dans les ténèbres

Son corps creux transparent me digère sans bruit,

Suit mes rêves apaisés comme un convoi funèbres.


Je te rejoins bientôt au matin de la gare

Ton corps sera chaud comme un lit attendu

Je te sens déjà là dans mes bras détendu

Et ta peau douce et blanche où mon esprit s’égare.


Et je me sens gonflé d’une vie bienheureuse
Je suis la nuit même ou ce serpent serpente

Tu es la lune blanche qui dans le ciel me hante,


Vers qui rampe entêtée mon âme sinueuse

Et frôler  tes chairs d’aube, d’eau et d’éblouissance

Résonne et m’apaise comme cri de ta jouissance.


Touhou

jeudi 15 novembre 2012

Archéologie

J'ai retrouvé un vieux poème, je ne saurais dire si comme les vins, il s'est bonnifié - je suis si mauvais juge de mes écrits. Les publierais-je sinon ?

Séjour des morts

Sa beauté pare le monde

De tâches de couleur
Comme les pavés gris
D’une obscure chapelle
Que rehausse parfois
La lumière irisée
Passant par les vitraux.
Tout ce qui lui ressemble
Semble avoir son goût
Elle qui n’était qu’ombre
Avant de la connaître
La voici flamme enfin
Du feu de mon amour,
Et la moindre chandelle
Ayant sa couleur blanche
A pour moi la grandeur
Du grand cierge pascal.
Tout me semble lumière
Tout m'aveugle et me brûle.
Dans ce noir lumineux,
La lumière est souffrance
Car derrière ces ombres
Il n'y a que l'absence
Le vide et l'abîme
D'un amour méprisé.
Hélas, tout me semble Lumière
Mais tout n’est que reflet
Dans ce théâtre d’ombre
Je suis seul à brûler…
Quand viendra donc l’aube
Dont la lumière rasante
Passera sous ma porte
M'en indiquant le lieu
Rendra fades enfin
Ces flammes vacillantes
Et me dira heureuse
et d'un ton victorieux
« Lève-toi,
Prends ma main
Laisse ces oripeaux
Le soleil luit dehors
Pas un nuage au ciel,
Viens, Il fait beau,
Viens,
Tes amours sont mortes
Il est l’heure pour toi
De sortir du tombeau ». 

dimanche 11 novembre 2012

Le mariage homosexuel

A bien y réfléchir, le mariage est une étrange institution car enfin tous ceux qui l'ont complètement raté, peuvent prétendre à en faire un nouveau, alors que ceux qui l'ont réussi, non. D'habitude dans le monde tel que nous l'imaginons, à chaque succès sa récompense. Vous réussissez vos études et hop vous avez un meilleur salaire - oui, je sais, l'exemple laisse à désirer d'un point de vue pratique - mais en théorie, on vous confie un poste plus complexe et à chaque mission réussie, vous prenez davantage de responsabilités et ainsi de suite.
Le mariage, c'est le contraire. Vous êtes un blaireau, vous plantez deux enfants au propre comme au figuré, votre épouse ne vous supporte plus, elle vous met dehors et vous courrez recommencer deux pâtés de maison plus loin avec de préférence une femme plus jeune à la peau plus douce - c'est souvent corrélé. La belle santé de la démographie française est en partie basée sur ce principe-là.
Vous êtes un homme presque parfait, vos enfants sont heureux, votre femme aussi et non votre réussite, votre expérience ne vous autorisent en rien à prétendre à avoir une deuxième femme plus jeune, à la peau plus douce en plus de la première et de lui faire des enfants. Avec cette méthode la race des blaireaux est bien plus prolifique que celle des hommes parfaits. Du coup, nous ne nous étonnerons en rien que la civilisation périclite et que le niveau baisse.
Avec un mariage à points, les rares hommes merveilleux - intelligents, drôles, câlins, philogynes... ne tarderaient pas à se constituer un splendide petit harem de femmes heureuses d'avoir un homme parfait. Bien sûr le symétrique ne serait pas interdit mais comme les femmes merveilleuses sont bien plus nombreuses - pour mémoire 95% de la population carcérale est masculine - ce serait bien plus rare. D'autant qu'en prenant une épouse, l'espérance de l'homme augmente alors qu'en prenant un époux, celle de la femme diminue, donc les femmes prendraient leurs droits à la polyandrie plus rarement que les hommes : trop risqué.
Mais non nous ne vivons pas sous le signe de la raison et ce n'est pas de cette réforme là dont le parlement discute : La question est "les homosexuels doivent-ils échapper à l'ineptie du mariage ?".
Pour ma part, combattant contre l'hétérophobie depuis ma prime jeunesse, je ne vois pas pourquoi l'homosexualité serait un avantage dans la vie. Je trouve qu'il est largement suffisant que le niveau de vie des homosexuels soit supérieur aux hétérosexuels. Halte aux inégalités ! Autorisons donc le mariage homosexuel !- ou plutôt le contrat d'union civile pour tous, pour laisser à l'église la jouissance de son AOC, qu'elle y admette qui elle voudra. mais nous laisse vivre comme bon nous semble comme en république.
Et que dire de l'adoption. Pour un enfant, quoi de plus traumatisant que la violence, allant jusqu'à la mort et le viol ? Or la violence et le viol vis à vis d'enfants ont lieu très majoritairement dans les familles et par les hommes - cf les statistiques précédentes. La famille la plus sûre pour l'intégrité de l'enfant serait donc une famille de femmes où l'Homme serait rare - donc soit le harem de tout à l'heure avec seulement un homme parfait, soit une famille de lesbiennes ou une famille d'hommes mais totalement allergiques à la violence, adeptes des vertus et des comportements féminins, si vous voyez ce que je veux dire.
En pratique d'ailleurs, les familles ont bien perçu le caractère inutile de bien des hommes dans l'éducation des enfants puisque 40% des pères divorcés ne voient plus les leurs, ce qui se traduit par la montée d'une détresse sociale nouvelle : les familles monoparentales dont le parent est la mère.
Entre nous, s'il m'avait fallu être adopté, entre le couple Jeans Marais et Cocteau et le couple Dutrou, je n'aurais pas mis longtemps à me décider.

Testament à mes enfants

Si demain la mort me frappe
Si bien trop tôt, elle m’attrape,
Avant que vous ne soyez grands,
Que vous soyez toujours enfants.

Qu'une main est nécessaire
Pour vous relever de terre
Qu'un sourire vous soutienne
Quand la vie vous fait des siennes

Ne regardez que l'amour
Qu'il donnera chaque jour,
Et l'éclat de son sourire
Sa science à vous faire rire,

Et à répondre présent,
A toutes vos peurs d'enfants,
A venir vous aider
A chaque difficulté

Réjouissez vous si la chance
Lui a donné la science
De comprendre la nature
D'anticiper le futur,

Mais tant pis si le présent
Est le seul de ses temps
Si la nature est son jardin
Et ne parle qu'à ses mains

Et tant mieux s'il vous épargne
Par l'argent de son épargne
De connaître jamais l'errance
La misère et la déchéance.

Mais si au coeur de l'inquiétude
Il combat votre solitude
Etant lui-même son seul bien,
Ce sera bien plus que rien.

Quel qu'il soit, s'il a l'amour
Afin d'éclairer vos jours
Il a ma bénédiction
N'importe ses inclinations.

Et même si c'est une femme
Je n'y verrai rien d’infâme
Que vous l'appeliez papa
Pour peu qu'elle guide vos pas.

Bisous


       

jeudi 8 novembre 2012

Le monde du silence

Le monde moderne est merveilleux, il offre des outils de programmation formidables. Ainsi il est possible d'inviter quelqu'un à déjeuner par mail en vérifiant son agenda. Cela permet de faire vivre facilement un réseau de connaissances ou d'amitiés et d'éviter de manger ad  nauseam  avec les mêmes personnes.  Ma maladie mentale, ma grande lucidité ou mon épicurisme esthétique - ou les trois - me poussent à avoir une préférence pour les femmes. Ma maladie mentale car cette préférence est antérieure à toute réflexion, ma lucidité car la moyenne des femmes est bien plus agréable que la moyenne des hommes - douceur, écoute, pragmatisme, réalisme.. et mon épicurisme car je suis ainsi fait que je suis plus sensible à la beauté féminine. Cependant avec les femmes, il existe parfois une ambiguïté, pas toujours. Elle se dissipe avec le temps. Quand rien ne s'est passé après plusieurs années, l'ambiguïté est morte malgré les compliments que mon naturel contemplatif et ma philogynie m'amènent à faire. 
Mais parfois, l'ambiguïté est trop lourde à gérer  pour l'invitée ou je suis considéré comme un commensal trop peu intéressant et mes invitations restent ou sans réponse ou en reçoivent une négative. Je pourrais en concevoir de l'aigreur - dans un cas de me voir incompris et dans l'autre déprécié - ce qui est très déraisonnable. Car primo concevoir un sentiment désagréable dans la mesure où il est possible de maîtriser ses sentiments, est stupide. Et deuxièmement ce n'est pas l'incompréhension ou la dépréciation qui est étonnante, il y a toujours beaucoup de choses incompréhensibles et agaçantes chez quelqu'un et donc pourquoi s'aigrir de ce qui est prévisible. C'est bien le contraire qui est étonnant, la compréhension même incomplète et l'appréciation même partielle. Quel dialogue pourrions nous donc avoir avec l'invitée et surtout avec nous-même pour sourire à ce refus ou ce silence : 


Dialogue & Soliloque 

Vous n'avez pas d'irritation 
De ma petite invitation ? 
Car j'ai cru qu'il vous plairait 
Madame, d'être devancée. 

N'aviez vous pas, il y a un mois 
Evoqué, à mon grand émoi, 
Ce plaisir si délectable 
De partager notre table. 

Mais la date imaginée 
Depuis longtemps dépassée, 
Et je restais avec mon désir 
De savourer votre sourire, 

De rehausser ce bel automne 
De vos cheveux en couronne 
Sublimer la couleur des cieux, 
Par la douceur de vos yeux. 

M'apaiser par l'harmonie, 
De vos mots et leur poésie 
Qu'accompagne si bien le vent 
Par sa musique et  par son chant. 

Car la vie, je vous l'avoue 
Devient plus belle près de vous, 
Car la beauté de la création 
N'a jamais de saturation.   

Tant pis ou tant mieux pour moi 
De rester seul avec ma joie, 
Après tout, n'est-il pas merveilleux 
Que tout ne soit pas pour le mieux. 

Que dans ce rouge flamboiement 
Il demeure d'autres diamants 
Que je verrai scintiller 
Un autre jour de l'année. 

Mesurez donc votre beauté, 
A mon intense volupté 
A savourer votre sourire 
Ou à rester dans son désir. 

Faisons fi de votre absence, 
Connaître votre existence 
Me suffit étonnamment , 
Pour chanter philosophiquement. 

Et ainsi mon seul regret 
Serait de vous voir irritée 
Dites-moi qu'il n'en est rien 
Afin d'en être plus serein.