l’amour rend aveugle dit le proverbe mais il rend aussi poète comme le chante si bien Brel et le dit aussi Platon dans le banquet. Et nous savons que les poètes sont des voyants pour reprendre A. Rimbaud tout autant que Jean Ferrat (le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon et l’avenir est son royaume). Alors ?
Comment faire la part de l’amour et de l’infatuation ? Jugeons des actions ou des choses sur plusieurs critères :
- leurs intentions – mais l’amour n’a pas d’intention, si ce n’est l’intention de la survie de l’espèce qui est probablement son origine bien lointaine,
- Leurs effets. Si la conclusion d’un amour est celle dépitée et vacharde de Swann « Dire que j’ai souffert… tout cela pour une femme qui n’était même pas mon genre, tout cela pour une femme qui ne me plaisait pas », certainement avez-vous été infatué. Mais si votre conclusion est de voir comme Saint Exupery dans les étoiles cent mille grelots et de percevoir l’essentiel invisible du monde, alors vous avez réellement aimé.
L’amour aveugle
Mon amour tel l’éclair
M’atterre et m’éblouit
Sans même besoin du tonnerre
Me sonne et m’assourdit,
J’ai observé dans mes nuits,
Mon paysage qui s’éclaire
A chaque zébrure de lumière
De ton regard qui me poursuit.
Le corps dévoré de frissons
J’ai parcouru les horizons,
L’onde des fleuves assombris
Où gît l’or pur de ton souris.
Trouvé les portes de mon âme
Ton prénom comme sésame.
Et j’ai touché et bu la flamme
Du buisson sur la montagne.
Et depuis je chante en vers
A l’étonnement des sots
Ces roulements du tonnerre
Dont j’entends encore l’écho.
Et mes jours sont comme mes nuits
Emplis de toi et de tes mots
Même si ton prénom s’évanouit
Que ton visage devient halo.
Ainsi malgré ma cécité
Poète, Je perçois du vent, la beauté
De l’invisible, des oubliés
Du présent, futur et passé
Comme Jupiter et Héra
Changèrent le brave Tyresias
L’amour, ce sentiment divin
M’a rendu aveugle et devin.
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