Non, Ils nous faut raconter comment les nains terrassent les géants afin que nous ne nous enfuyions pas en courant et criant devant l’atrocité de la vie. Voilà pourquoi la Bible, les misérables, Le seigneur des anneaux et Harry Potter sont des livres à succès comme le prozac et les antidépresseurs sont des médicaments à succès. Ils le sont d’autant plus que ces livres plongent dans l’atroce jusqu’à la fin, jusqu’à la mort même des héros, jusqu’à leurs sacrifices ultimes pour être finalement ressuscités d’entre les morts. En ce sens ils aident les lecteurs dans leurs descentes aux enfers car ils maintiennent leur espérance jusqu’à la fin, comme celles des héros sont maintenues malgré les souffrances, le désespoir de la situation, l’absurde de la vie. Mais il y a des différences majeures : le héros continue à agir parce qu’il est un héros, le lecteur lui continue de lire parce qu’il sait que le livre finit bien et que le héros a tort de désespérer. L’écrivain lui sait que le lecteur a également tort de désespérer dans sa petite situation ridicule dont il ne connaît pas non plus la fin. Car si le désespoir du lecteur est infondé, la situation se dénouera toute seule mais si il est fondé une chose est sûre toutefois, si le lecteur meurt, il ne ressuscitera pas, il n’aura pas un retournement de situation, la prise de conscience de Javert, l’apparition de l’épée de Gryfondor dans le choipeau ou l’intervention des aigles et de Gandalf ou du Saint-Esprit et de Dieu le Père. Et ainsi si le lecteur meurt réellement alors enfin son calvaire est réellement terminé.
Racontons donc des histoires de résurrections. Certes elles sont si rares mais après tout elles existent. Après la mort de Jésus et la destruction du temple, la légende du Christ est née et l’église est devenue l’alliée de l’empire. De parias lapidés, les prêtres sont devenus princes. Un esprit critique pourrait prétendre que ce n’était pas les mêmes, que les prêtres morts sont restés morts et que les juges ont simplement changé de costumes et mis quelle amélioration ! des croix sur leurs chapeaux. Et une fois l’église, ce nain, devenu géant, n’a-t-elle pas eu pour occupation d’écraser d’autres nains ?
Racontons donc des histoires de résurrection, de méchants punis – il y en a mais encore ont-ils dû être stupides dans leurs méchancetés – comme cet ex-futur président français qui est allé jusqu’à violer une femme dans un pays où faire cours avec la braguette ouverte est un motif de licenciement. En deçà de ce degré d’ânerie, les menteurs, les voleurs que nous sommes peu ou prou, ne sont jamais pris et heureusement pour nous. Mais ne rêvons pas, ces histoires sont purement convenues entre le lecteur et l’écrivain, car le lecteur veut rêver et il veut être consolé.
L’entretien d’évaluation
Je veux à l’instant même
Ecrire mon plus beau poème
A cet instant où les mots perdent leur sens
M’émerveiller de leur sublime essence.
Ecrire mon plus beau poème
A cet instant où les mots perdent leur sens
M’émerveiller de leur sublime essence.
Jouer de leurs sons et des rythmes
Et me protéger dans leurs rimes
Penser aux plus beaux moments de ma vie
Dans ce pur moment d’ennui.
Et me protéger dans leurs rimes
Penser aux plus beaux moments de ma vie
Dans ce pur moment d’ennui.
Me rappeler son si beau sourire,
Mes souffrances et mes plaisirs
A quel point la vie peut être vibrante
Durant cette heure sclérosante.
Mes souffrances et mes plaisirs
A quel point la vie peut être vibrante
Durant cette heure sclérosante.
Me draper de mes plus beaux songes
Et non dans ce tissu de mensonges,
D’à peu près et de contradiction
Qu’est l’entretien d’évaluation.
Et non dans ce tissu de mensonges,
D’à peu près et de contradiction
Qu’est l’entretien d’évaluation.
Me rappeler les paroles de Jean, le Saint
Sur les mots et leur caractère divin
La parole, c’est ce qui touche et soigne
Quand celle d’aujourd’hui nous éloigne.
Sur les mots et leur caractère divin
La parole, c’est ce qui touche et soigne
Quand celle d’aujourd’hui nous éloigne.
Et si je ne peux avoir de véritable échange
Avec cet homme si étrange
Qui parle d’objectivité
Pour nommer sa subjectivité,
Avec cet homme si étrange
Qui parle d’objectivité
Pour nommer sa subjectivité,
Qu’au moins les mots et leur poésie,
A mon cher passé me relient,
Cher passé bien plus chaud et plus vivant
Que ce pauvre hère qui fait du management.
A mon cher passé me relient,
Cher passé bien plus chaud et plus vivant
Que ce pauvre hère qui fait du management.
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