dimanche 3 novembre 2013

Dans les pages noires

Dans les pages noires de mon dictionnaire
Se cachent mes mots élémentaires :
Écrit en encre noire de chine
Ma définition de philogyne.

Pour les lire, mieux que devin,
Être l'ébauche d'un écrivain
Sentir qu'il nous manque des mots
Pour penser à panser nos maux.

Plus de la moitié de l'amour
Ne peut s'exprimer au grand jour
Le plus sage, le plus évident
De l'amour est outrageant.



Taisez vous, taisez vous mes sœurs
Qu'importe vos peines ou vos malheurs
Qu'importe ! Que vous ayez  raisons !
Pas de mots ? Pas besoin de baillons.

Qu'importe qu'on vous batte, qu'on vous tue
Qu'on vous vende, qu'on vous prostitue
Car pour pouvoir vous répandre
Il vous faudrait le mot misandre

Qui se dérobe dans les profondeurs
De nos consciences, de nos noirceurs
Qu'importe qu'elles soient nos mères
Nos filles voilées sous la grammaire.

Silence !!! Gardez vos troubles sentiments
Pour vos fils, vos pères ou vos amants !
Je suis sûr de ne point me méprendre
Vous cherchiez, gueuses, le mot philandre,
   
Cette langue cachée, secrète
Elle me hante et elle m'entête
Et ces mots je voudrais vous les écrire
Nous les donner pour mieux en rire.

Las, ma voix se meurt, se perd,
Comme ces mots de mon dictionnaire
Quand encore les pages roses déclinent
Des sentences mortes et misogynes.


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