vendredi 27 mai 2016

La raie sous la porte fermée



Sur le parquet, la lumière glisse
Et trouble ma cécité
En me donnant quelques indices
Dans cette troublante obscurité.

Le hasard des reflets étranges
Sur les ailes de ces anges
Que j’ai à peine admirées
Et sur les lattes du parquet,

M’amènent à faire un choix
Dans cette chambre noire de poix
A droite, à gauche, je m’avance
Combattant mon indifférence.

C’est à la lumière de l’amour
Plus perçante que l’astre du jour
Quand tu ouvris la porte en grand
Que j’ai eu cet éblouissement.

Aveugle de noir, de lumière
Libre d’être ton esclave, ma chère,
A peine t’ai-je entr’aperçue
Tu avais déjà disparu.

Ai-je le choix de te pleurer
Quand ton absence vient me torturer
Je me révolte et je choisis
La joie et la poésie.

Mais ces cases blanches et noires
Ma dame, entre le chagrin et l’espoir,
Je me sens pion mais liberté
D’un déterminisme indéterminé.

mercredi 11 mai 2016

Le rêve du troubadour

Les femmes-pays s'admirent en silence,
Les mots sont trop petits pour en saisir l'essence,
C'est à la nuit tombante dans la douceur du soir
Où dans le chaud des rêves au plus profond des noirs,

Que leurs vastes étendues se parcourent et s'éclairent
Se détaillent d'un bois sombre, ou d'une source claire
D'un village aux toits bleus et à l'ardoise fine
Pétillant au soleil, brillant  dans les collines.

Qui peut dire en trois mots la beauté de l'écorce  
La clarté de l'eau, sa musique et sa force
La hauteur des pics bleutés à l'horizon
La profondeur, l'esprit et l'air de la chanson,

Qui s'entend à peine dans le creux d'un chemin,
Où marche, joyeuse et vive une bande de gamins,
Qui peut dire tout cela  au jour dans la lumière
Les femmes pays ne se chantent qu'en vers.



Une nuit, comme souvent je songeais à une situation compliquée et comment aider mes chers petits camarades à sourire malgré les désagréments imminents avec la glorification de la vie, juste en savourant l'intelligence et la beauté qui nous entourent. Je songeais donc à un compliment pour chacun, aux femmes-lumière, femmes-fleur,  femmes-vertu / déesse, femmes-sourire... présentes et même pour certains garçons car il y en a des très bien qui auraient mérité d'être des filles - expression persoonnel qui en étonne plus d'un(e).  

Et puis forcément, vient le tour de Stéphanie, (bien qu'elle gère très bien son humeur, mais il reste le plaisir de dire le bien) que j'apprécie beaucoup, et là c'est agaçant car quand je pense à elle, je pense à un paysage, très vaste, une vallée souriante sur un fond  montagneux dans la lumière du matin (je ne sais pas pourquoi et c'est pas grave)  et c'est très compliqué à faire comme compliment. Un compliment doit être concis, choisi, travaillé, suffisamment dense pour y croire, suffisamment léger pour s'envoler après avoir été dit.... c'est un peu une orfèvrerie. Bref me voilà avec une définition de femme pays, femme paysage....   ça a donné le poème du dessus.

On retrouve ce thème de femme-pays chez Baudelaire (invitation au voyage) et Aragon (Est-ce ainsi que les hommes vivent) (et chez des rappeurs, ça doit être un lieu commun en poésie mais ne le dîtes pas, ça va me vexer). Je n'y avais pas pensé avant. D'ailleurs ma chère et tendre épouse est de cette divine matière.  


Le collier de nouille



Je suis rimeur, j’enfile les rimes
Comme enfant, le
s perles et les nouilles
Et je les offre à la plus souriante
Ou à une autre pour qu’el
le le devienne.

C’est un passe-temps qui vaut bien
Une collection de timbres.

Ah, le courage des enfants d’offrir un pot de yaourt
Peint. Et du rimeur, un
sonnet ou une ode
Qui f
iniront dans une boite.

Jamais porté, jamais récité, jamais appris,
Sont-ils seulement lus ?
Mes vers sont un art pérenne impermanent
Comme l’orfèvrerie de pâtes alimentaires
Voilà l’enfance productive
Une guilde des orfèvres de pâtes alimentaires,
Cailloux et bâtons.

Voilà les rimeurs, fabricants de colliers de nouilles,
Artisans locaux en marande
lles inutiles.
Certains y mettent de vraies perles
A peine sortie de leurs bivalves,
Dont certaines oreil
les bâtiront une pensée. 

C’est rare,
Comme un collier de nouille porté.

mercredi 4 mai 2016

"Complainte du mal aimé


A quoi me servent tous mes talents,
Je les disperse aux quatre vents,
Je n’y peux rien et c’est comme ça
Celle que j’aime ne m’aime pas,

Mon humour ou ma poésie,
Mes pensées, ma philosophie,
Je ne peux bien les garder pour moi,
Celle que j’aime ne m’aime pas,

Maigre ou gros, quelle importance ?
Elle se fiche de ma prestance,
Son regard ne m’effleure même pas
Celle que j’aime ne m’aime pas,

Si encore elle me tolérait,
Me laissant ainsi l’adorer
Mais elle fuit, ne me supportant pas
Celle que j’aime ne m’aime pas,

Je ne vis que par continuité
Embarrassé de sa beauté
Envahi de l’envie du trépas,
Car celle que j’aime ne m’aime pas.