dimanche 1 janvier 2012

La cachette dévoilée

Pessah - le passage, un pur hasard sans doute - mon ami qui m'a fait passer dans le côté lumineux de la beauté en m'enseignant sans réellement le vouloir son caractère incroyable et indicible, a une drôle de manie : il aime créer dans ses maisons des pièces secrètes comme il s'en trouve dans les romans d'aventure. Cela lui demande un travail de titan qui accapare tout son esprit mais il en parle d'un air gourmand comme un enfant qui se bâtit en cachette des cabanes dans les hauteurs des arbres ou dans d'impénétrables taillis au creux de vallons humides, et qui ne rêve, une fois son oeuvre finie, que de la montrer à quelqu'un, tel le seigneur du château.
Quoi de plus doux finalement que de partager un secret ? Se faire une confidence, soit si l'étymologie ne me trompe pas de partager sa foi, c'est à dire ce que nous avons de plus précieux : nos valeurs.
Lecteur de mes textes déposés sur la toile, il m'a fait part récemment de ses craintes face aux risques que je prends à les écrire, surtout à les diffuser : comment mon épouse les lirait-elle le cas échéant ? Elle ne les lit pas. Mes textes sont comme ses pièces, secrets, pour elle seule. Non que j'aie à en rougir d'aucune façon mais je sais par expérience qu'elle ne saurait les recevoir sereinement. Que je puisse admirer quelqu'un d'autre l'effraie et la blesse, que je puisse l'aimer, elle et elle seule de cette unique manière qu'un mari doit aimer sa femme, la surprend. La beauté est indicible et incroyable, un lieu secret, improbable auquel nous accédons par quelque mécanisme caché derrière la première édition des essais de Montaigne et dont on ne parle qu'à voix basse.

Confidence

Sous l'escalier de la maison
Entre la cave et les fondations
J'ai creusé avec ma pelle d'enfant
Une pièce -  que j'ai tendue de satin blanc.

Pour n"y demeurer seul avec mes névroses
J'ai amené un bouquet de roses
Une madone sur un fond d'or
Et un Bouddha venant d'Anghkor.

Une litho, et un tiré à part
Et aussi quelques livres d'art
Les fleurs selon Charles Baudelaire
Et de l'alcool d'Apolinaire.

Je les feuillette de temps en temps,
couché, fixant rêveur le plafond blanc
Mon corps lévite comme un courant d'air
Jusqu'au premier tréfonds de la terre.

Je m'éparpille et me disperse
Ici où aucun bruit ne perse
Seul, attend mon coeur troublé
Que tu viennes le retrouver

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