jeudi 19 janvier 2012

Les chemins de la connaissance

Le philosophe René Girard fait l'objet d'un hors série de Philosophie magazine. Vous pouvez y lire la phrase suivante "Ce n'est pas parce que je suis chrétien que je pense comme je le fais ; c'est parce que mes recherches m'ont amené à penser ce que je pense que je suis chrétien". De fait son analyse de l'imitation et du bouc émissaire est remarquable et éclairante. L'histoire du Christ y prend une nouvelle foi(s) une plus grande profondeur.
J'ai quelque peu l'impression d'être sur le même chemin, mais plus bas en altitude. Moi qui aime tant les vérités paradoxales - expression elle-même vérité et paradoxe - qui s'inversent à l'infini, et les références circulaires, les evangiles en sont pleins - les premiers seront les derniers - dans une intelligence, une cohérence de la forme époustouflante. Comment ne pas être troublé par l'illustration, l'incarnation de cette inversion que sont ces reliquaires magnifiques, incroyables de beauté, les églises, les cathédrales ayant en leur centre la représentation de la pire des abjections, la mise à mort par la torture d'un être vivant : le dernier est bel et bien  devenu premier.  Non seulement il y a là représenté le cercle de la violence mais s'y célèbre son remède : l'amour et le pardon, sous une forme qui est l'exacte inversion du premier meurtre "suite au refus de Dieu " des offrandes de Caïn - les fruits de la terre - à savoir le partage entre hommes de ces mêmes fruits : le pain et le vin.
A lire René Girard, ou notre récent prix nobel de chimie appelant à être chrétien, non par la foi mais comme lui par la raison, à suivre le Christ philosophe, à vivre ce que je vis, à avoir entendu Georges Brassens dans une interview, lui l'athée le plus orthodoxe, dire "le plus beau poème ce sont les évangiles", je me demande si je n'ai pas la réponse à la question de ce vieux poème. Sans pour autant oser la prononcer toutefois.

Promenade hivernale

Au sommet d’un dyck,
Orgue bleu de basalte
Se dresse un Christ en croix,
En fer, d’un autre siècle.
Sous le ciel changeant
De cette journée d’hiver
La lumière d’or
Du soleil moribond
Tranche, épuisée de l’effort
Des murailles immenses
De nuages gris-noirs
L’absorbant aussitôt
Comme l’eau de la mer
Le ferait d’une épave.
Le flux lumineux
Souligne ainsi parfois
Dans le gris paysage
La beauté d’un village,
La grandeur d’un arbre
Tenant la main du ciel,
La douce courbure
Et son jaune pâli
D’une colline herbeuse.
Où en sommes-nous de toi,  
 Fils de l’homme ?
Tu fus placé ici
Par la fière arrogance
De paroissiens  zélés
Ne domines-tu aujourd’hui
Que les morts, des vieux et des bois ?
Une terre  bientôt désertée
Vidée, redevenant sauvage
Comme le ciel d’aujourd’hui.
Ou es-tu le dernier symbole
D’une folle espérance
Érigée depuis peu
Mais dont le jour se perd,
Mais demeure avec toi.
Si jeune et si vieux.
Étrange résonance
De ce ciel nuageux
Dont je ne saurais dire
Si tu es l’ombre immense
Ou la faible lumière.


Ce poème est dédié à Bruno qui l'avait reçu en son temps. 

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