vendredi 10 février 2012

Chant de saison I

Un vieux poème sur l'anticipation de la situation précédente. Finalement dans beaucoup de cas, comme ici, notre pire ennemi, notre pire sentiment, c'est la peur.    

L’absence

Que sera ma pensée quand tu n’y seras plus
Quand je pourrais te voir sans mon esprit tendu
La peur de te déplaire se sera évanouie
Ton sourire de ses feux ne trouera plus ma nuit.

Tu ne me cherches pas, je suis inopportun
Je ne peux te chercher, je suis inopportun
Et le présent, ce gueux, me prive de la chance
De goûter ta beauté et ton indifférence.

Et quand la vie, hélas, espace nos rencontres
Mes tensions s’amenuisent et l’aiguille à ma montre
Loin de m’aiguillonner, de me combler d’espoir
Me fait craindre l’oubli du plaisir de te voir.

Et alors ton absence laissera à mes jours
Non plus la peine immense d’un amour sans retour
Mais l’ennui de ces jours qui passent sans tension
Qui meurent avant de naître, sans la moindre attention.

Qu’il est dur de t’aimer, mon amour, ton mépris
De mes mots, mes poèmes n’en connaît pas le prix
Cette douleur aiguë, hé bien, c’est ma vie même
Et t’aimant mon amour, cette douleur je l’aime.

Qu’il est doux de t’aimer, même ton indifférence
La seule chose en toi que je hais : ton absence.
Elle m’est pire que la mort, cette odieuse détresse
Elle a l’affreux visage de l’extrême vieillesse.

Quand la vie s’écoule sans espoir et sans sens
Et qu’on n’attend plus rien et que l’intelligence
S’est tue au cœur qui hier palpitait encore.
Ton absence, mon amour, m’est bien pire que la mort.      

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