Il serait trop long de citer toutes les goujateries que j’ai entendues dans ma vie, ni même certainement celles que j’ai dites. Je me souviens qu’adolescent je me protégeais à l’aide de mes facilités scolaires et plus particulièrement de mon savoir littéraire qui certes n’a rien d’exceptionnel mais est suffisamment étendu pour impressionner un homme commun. Ma seule différence d’avec celui-ci, c’est que nos mémoires ne sont pas encombrées des mêmes choses, résultats de foot – caricaturons un peu - ou sonnets. Ainsi vis-à-vis des femmes, j’ai caché un certain temps mon appréhension de l’inconnue à l’aide de phrases stupides trouvées dans un dictionnaire « philosophique » du style : « la femme est un animal sans fourrure mais dont la peau est très recherchée » citation d’un grand homme de lettres du XIXe siècle qui aurait certainement mieux fait d'aller boire une bière. J’ai arrêté ce jeu très amusant et tout à fait toléré par les françaises quand j’ai rencontré des féministes allemandes dont les histoires ne m’ont plus du tout fait rire. Et j’ai pu par la suite en vérifier par l’expérience de collègues, d’amies proches, de ma femme, la véracité.
« On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » disait Desproges, et effectivement une blague juive racontée par Michel Boujenah est drôle, la même dite au premier degré par un néo-nazi est immonde. Sur le machisme, on ne peut pas en rire avec grand monde. Quand un ostracisme nous imprègne tant qu’on ne le voit même plus tant il nous paraît naturel, le rire n’est en rien libérateur, au contraire, il ne fait qu’entretenir les préjugés. Il n’est plus rire, il n’est que ricanement.
Le machisme est une plaie infecte de notre société, d’autant plus répugnante qu’il touche les êtres que nous aimons le plus au monde, nos femmes, nos mères, nos filles. Permettez que je me déclare humaniste en formation – c’est une route qui n’a pas de fin – de la sous-classe des féministes :
Œuvre d’art
Les femmes sont des œuvres d’art
Avec juste un peu de fard
De tissus, de plumes et de pierres
Elles parlent une langue imaginaire,
Comme des enfants malicieux
Qui se prendraient trop au sérieux.
Art pop, chrétien ou art d’élite
Bimbos, Marie ou Aphrodite
Sur l’écho de leurs images
Je m’offre souvent des voyages,
Des visites de musées
Ému mais parfois amusé.
Pointes ou talons aiguilles
Santiags, mules ou espadrilles,
Fichus, ceintures ou foulards,
Ce que leurs vêtements sont bavards
Sur ce qu’elles sont, ce qu’elles veulent être,
Ce qu’elles furent ou ce qu’elles vont faire,
En vieux français ou en verlan
Avec humour ou sans accent
Même des plus vieilles légendes
Il arrive que j’en redemande.
Et tant pis si ma traduction
Est pleine d’approximations
Si comme sur les vitraux
Je confonde Cluny et Cîteaux,
Pour peu que dans le tour du cloître
Mon esprit s’amuse et folâtre,
Et finisse par s’échapper
À travers la voûte étoilée.
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