vendredi 16 septembre 2011

Sacralisons nos vies de tous les jours

Hier ma femme a cassé son couteau économe. « Tu ne peux rien faire pour le réparer ? 
-          non, désolé
-          une épitaphe alors ? 
-          ça, je peux »

Épitaphe de l’économe

Pauvre petit économe
Il eut une vie brève en somme
Toujours prêt dans le tiroir
En espérant seul dans le noir
Qu’on le mette à la lumière
Pour peler des pommes de terre.
Il était jeune et dynamique
Lame pivotante en céramique
N’étant pas sans rappeler
La Hauteclaire d’Olivier
Mais une patate de Roncevaux
Traitre, froide, dure de peau
La mine terreuse de félon
Rappelant si bien Ganelon
Et sans qu’on le mette en garde
Le brisa net à la garde.
Il tomba dans les épluchures
Sans un cri et sans une injure
L’âme droite amidonnée.
Et l’amie que dieu m’a donnée
L’a veillé jusqu’à mon retour
Moi, le poète, le troubadour
« Ne peux-tu rien faire pour lui,
Il est si jeune c’est inouï ! »
« Hélas non, il a passé
La patate s’est bien vengée,
Je peux accompagner tes plaintes
D’une épitaphe, d’une complainte,
Tandis que nous l’accompagnons
À sa dernière destination,
La poubelle, si ce n’est pas malheureux
De voir disparaître un tel preux
Et rappeler à la terre comme
Fut vaillant ton économe ».

Ma femme a bien ri. C'est important de savoir rire des petits incidents de tous les jours. Non ? 

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