Une muse nommée Valérie - citons nos sources - se plaignit un jour à mes oreilles de n’oser porter un tailleur qu’elle avait acheté depuis fort longtemps. Bien que très jolie, elle n’osait se mettre en jupe. Ah ! Ne faut-il pas aider nos semblables à assumer leurs envies quand elles sont innocentes. J’entamais le texte « Un corps de rêve Dans un tailleur chic », elle modifia le premier vers avec raison augmentant la magie de l’évocation. Le reste du poème s’est écrit d’un trait. J’aime la longueur des vers variant et rappelant la forme d’une voile, ou d’autre chose. Et ma muse du jour vint en tailleur. La poésie est un outil de libération.
Appareillage
Un corps et un esprit de rêve
Dans un tailleur chic
De quoi avoir la fièvre
D’oublier son éthique.
Si cintré à la taille
Qu’il appelle mes mains
A en trouver la faille
Jusqu’à ta peau satin.
Qui frémit fraîche et douce
Sous le vent de mes paumes
Qui tend mais sans secousse
Ton corps comme la baume
D’un voilier glissant sous le zéphyr
Ta chemise se tend au souffle du désir
Reflétant le ciel et l’éclat du saphir
Ton regard noir ne tend plus qu’à me saisir.
A tes lèvres effleurées j’ai goûté les embruns
Le parfum enivrant exhalé par ta peau
J’ai senti sur mon torse la pointe de tes seins
J’ai laissé mon esprit partir au fil de l’eau.
La chaleur dans mon ventre
Retombe à petit feu,
Sur tes paroles, je me recentre
Peu à peu.
Un corps et un esprit de rêve
Dans un tailleur chic
Sans bouger de ma chaise
J’ai couru l’Atlantique.
Etrange habitude que d'écrire des poèmes. Pour qui ? Pourquoi ? Comment les offrir ? Doit-on les laisser morts, cachés, illisibles ou les laisser vivre un rien, au hasard d'un regard. Je sème l'ivraie.
vendredi 21 octobre 2011
jeudi 20 octobre 2011
Égoïsme altruiste
Comme dit si bien ma femme, je ramène tout à moi :
Bon anniversaire
Pourrais-je pour son anniversaire
Lui offrir simplement quelques vers
Assez taquins pour la surprendre
Mais sans qu’elle puisse mal les prendre.
Des vers frais, comme un mot d’enfant
Dont nous sourions un instant,
Mais dont l’étrange poésie
L’inattendu, la facétie
Imprègnent le reste de sa journée
D’un léger parfum de gaité.
Demeurant au coin de ses lèvres
Comme la trace d’un rêve.
Suis-je donc si égoïste
Pour qu' à ce point j’insiste
Malgré la date du jour
Où elle est reine en sa cour
De m’offrir cet immense plaisir
De l’éclosion de son sourire.
Bon anniversaire
Pourrais-je pour son anniversaire
Lui offrir simplement quelques vers
Assez taquins pour la surprendre
Mais sans qu’elle puisse mal les prendre.
Des vers frais, comme un mot d’enfant
Dont nous sourions un instant,
Mais dont l’étrange poésie
L’inattendu, la facétie
Imprègnent le reste de sa journée
D’un léger parfum de gaité.
Demeurant au coin de ses lèvres
Comme la trace d’un rêve.
Suis-je donc si égoïste
Pour qu' à ce point j’insiste
Malgré la date du jour
Où elle est reine en sa cour
De m’offrir cet immense plaisir
De l’éclosion de son sourire.
mercredi 19 octobre 2011
Désacralisons les idoles du jour
Au bureau les résultats de l’équipe de France de Rugby face aux joueurs des îles Tonga, ont fait grand bruit. Pour ma part j’ignorais même qu’il y avait un match. Et puis le dimanche matin j’écoute les émissions religieuses de France Culture. Je ne sais jamais qui va gagner dans cette rencontre dominicale entre Dieu, Yahvé et la raison raisonnante – il y a aussi les libres penseurs – mais j’aime ces matches où il n’y a jamais un coup bas, mais des actions serrées pour pousser mon esprit hésitant qui sur la voix du matérialisme athée, qui sur celle du monothéisme stricte, qui sur celle d’un monothéisme polythéiste où la femme et les arts – deux (ou un ?) de mes penchants profonds - tiennent une place majeure… et comme en sport, à peine la rencontre est-elle terminée que la prochaine est en préparation.
Du coup les nouvelles idoles du sport me laissent froid. Je ne retrouve pas dans les chants des supporters la beauté des orgues de la messe, dans ces athlètes bodybuldés la grâce hellénistique de certaines pietà ou de vierge en majesté, quant aux textes, les évangiles des commentateurs sportifs est en-deça de l’affligeant. Ah si, il y a une innovation qui m’a réjoui au dernier mondial de football, l’attitude des footballeurs français, organiser une grève de millionnaires, ça c’était nouveau, créatif, différent, cela mérite bien quelques vers :
Baignade sur la grève des millionnaires !
Tous ces éphèbes sur le flanc
Dans le bush en maillots blancs
Lascives esclaves orientales
Pleurant leurs peines sentimentales :
"L'entraineur m' a mal parlé,
Il n'a vraiment aucun respect"
Le terrain est une arène
Ou se déverse leur peine.
Tant et plus de larmes salées
Sur ce sable immaculé
Ont changé l'aride désert
En une étendue amère
Une profonde et vaste mer
Bordant la grève des millionnaires.
Du coup les nouvelles idoles du sport me laissent froid. Je ne retrouve pas dans les chants des supporters la beauté des orgues de la messe, dans ces athlètes bodybuldés la grâce hellénistique de certaines pietà ou de vierge en majesté, quant aux textes, les évangiles des commentateurs sportifs est en-deça de l’affligeant. Ah si, il y a une innovation qui m’a réjoui au dernier mondial de football, l’attitude des footballeurs français, organiser une grève de millionnaires, ça c’était nouveau, créatif, différent, cela mérite bien quelques vers :
Baignade sur la grève des millionnaires !
Tous ces éphèbes sur le flanc
Dans le bush en maillots blancs
Lascives esclaves orientales
Pleurant leurs peines sentimentales :
"L'entraineur m' a mal parlé,
Il n'a vraiment aucun respect"
Le terrain est une arène
Ou se déverse leur peine.
Tant et plus de larmes salées
Sur ce sable immaculé
Ont changé l'aride désert
En une étendue amère
Une profonde et vaste mer
Bordant la grève des millionnaires.
lundi 17 octobre 2011
Ésotérisme pragmatique
Dans la vie, il y a des choses étranges. Moi l’athée, l’agnostique – j’oscille entre les deux nuances – je prie et plusieurs fois par jour encore, le plus souvent un « je vous salue, Marie » et chose étrange, cela me fait du bien, m’apaise et me renforce. Ma prière ne demande rien, ma prière n’est pour personne, ma prière est et elle balaye mes doutes, mon découragement et ma lassitude… Et cela ne marche pas avec le « bateau ivre », ou « l’examen de conscience », textes splendides et cela fonctionne un peu moins avec le « notre père » mais à un niveau similaire avec le sourire innocent, celui qu’on fait pour rien que j’ai chipé à Bouddha – c’est vous dire si je suis hérétique. N’en déplaise à mes amis catholiques, je continuerai cette pratique même si la vierge est pour moi un mythe qui représente l’impasse de notre idéal féminin : vierge et mère. Comme si la virginité avait un intérêt… pour un autre que celui qui l’est.
L’âme forgée
Forger mon âme au marteau de prière
La rendre droite et forte, apte à croiser le fer
Avec les tentations, les lâchetés, les envies
Qui hantent mon esprit, enlaidissant ma vie.
Étrange force blanche en ces doux mots d’airain
Exigeant le silence de ce pleutre qui geint
Qui a peur pour un rien, remet tout à demain
Dans un temps sans tension et sans nerfs et sans sens.
Qu’y a-t-il en ces mots pour qu’ils soient si puissants
Une main caressante dont la force soutient
Une voix apaisante mais pleine d’espérance
Qui parle à l’adulte dans les mots de l’enfance.
Comment ça ! Une paix illuminée d’espoir
Oui, comme les lueurs de l’aube contiennent celles du soir
L’âme forgée
Forger mon âme au marteau de prière
La rendre droite et forte, apte à croiser le fer
Avec les tentations, les lâchetés, les envies
Qui hantent mon esprit, enlaidissant ma vie.
Étrange force blanche en ces doux mots d’airain
Exigeant le silence de ce pleutre qui geint
Qui a peur pour un rien, remet tout à demain
Dans un temps sans tension et sans nerfs et sans sens.
Qu’y a-t-il en ces mots pour qu’ils soient si puissants
Une main caressante dont la force soutient
Une voix apaisante mais pleine d’espérance
Qui parle à l’adulte dans les mots de l’enfance.
Comment ça ! Une paix illuminée d’espoir
Oui, comme les lueurs de l’aube contiennent celles du soir
jeudi 13 octobre 2011
Sérénité
Vous l’avez peut-être noté, j’aime beaucoup l’étymologie. Il existe un merveilleux dictionnaire dirigé par Alain Ray, le dictionnaire historique de la langue Française. Pour moi l’étymologie est aux mots ce que la poésie est au langage, son socle, son inconscient. Ainsi je rapproche sérénité et soir. Ce sentiment ne vient-il pas à la nuit tombante ou tombée, quand le monde s’endort, les couleurs s’apaisent, les bleus deviennent plus profonds ou plus doux et le ciel se tend de rose, puis de noir...
Cosmos
J’aime la douceur de la nuit
Quand nulle lampe n’éblouit
Quand le monde se dessine
En noir et en bleu marine,
Cette couleur si subtile
Ce Bleu où la lumière scintille
Au ciel au-dessus des collines
Quand le cosmos noir domine.
Étrange monde en vérité
Que cette toile d’or piquée
Qui fit s’extasier les poètes
Et aussi délirer les prêtres
D’où les esprits terre à terre
Tirèrent les lois de la matière,
Néant ne pouvant être à personne
Où tous les esprits résonnent.
J’aime ce monde étonnant
Ces petits éclats de diamant
Sont des mondes délités
Depuis des éternités.
Parfois mon esprit se perd
Dans le passé et sa poussière
Et je retrouve des beautés
Qui se sont évaporées.
Mon esprit est comme l’espace
Étoiles et vie ne sont que traces,
Mais si ma mémoire n’éclaire
Que quelques points de sa lumière
Je n’ai aucune nostalgie
Aucun regret de cette vie
Le présent brille de ces beautés posthumes
Comme le soleil éclaire la lune.
Avec plus de talent, Baudelaire écrivait :
Sois sage, ô ma douleur et tiens toi plus tranquille,
Tu attendais le soir, il descend le voici...
...
Entends, entends la douce nuit qui marche
Cosmos
J’aime la douceur de la nuit
Quand nulle lampe n’éblouit
Quand le monde se dessine
En noir et en bleu marine,
Cette couleur si subtile
Ce Bleu où la lumière scintille
Au ciel au-dessus des collines
Quand le cosmos noir domine.
Étrange monde en vérité
Que cette toile d’or piquée
Qui fit s’extasier les poètes
Et aussi délirer les prêtres
D’où les esprits terre à terre
Tirèrent les lois de la matière,
Néant ne pouvant être à personne
Où tous les esprits résonnent.
J’aime ce monde étonnant
Ces petits éclats de diamant
Sont des mondes délités
Depuis des éternités.
Parfois mon esprit se perd
Dans le passé et sa poussière
Et je retrouve des beautés
Qui se sont évaporées.
Mon esprit est comme l’espace
Étoiles et vie ne sont que traces,
Mais si ma mémoire n’éclaire
Que quelques points de sa lumière
Je n’ai aucune nostalgie
Aucun regret de cette vie
Le présent brille de ces beautés posthumes
Comme le soleil éclaire la lune.
Avec plus de talent, Baudelaire écrivait :
Sois sage, ô ma douleur et tiens toi plus tranquille,
Tu attendais le soir, il descend le voici...
...
Entends, entends la douce nuit qui marche
mardi 11 octobre 2011
Aurore
Un jour, j’attendais Aurore pour aller déjeuner. Cela m’a rappelé qu’adolescent j’adorais attendre l’aurore, sa lumière et son parfum. De là à la personnifier, il n’y avait qu’un pas.
Aurore
Ah, Ma belle dorée adorée
Que j'aime savourer la rosée
Que le matin a déposée
Sur tes fines lèvres rosées.
Les parfums de ton corps dormant
Sont si subtils et si troublants
Si chauds de ton profond sommeil
Mais frais déjà de ton éveil.
Et le silence de tes paupières
Closes gardant leur mystère
Souligne la grâce malicieuse
De ton sourire qui se creuse
Tandis que mes lèvres effleurent
La plus parfumée des fleurs.
Et j’attends ce précieux moment
Sourire aux lèvres, le cœur battant
Comme à l’aube qui blanchit
L’horizon quand meurt la nuit
J’attendais les fils de l’aurore
Quand les nuages se parent d’or.
Cet instant si merveilleux
Où je lis l’amour dans tes yeux
Où ta voix trouble le silence
Comme les chants d’oiseaux s’élancent
Aux premiers rayons du soleil
Dont les doigts rosissent le ciel.
Aurore
Ah, Ma belle dorée adorée
Que j'aime savourer la rosée
Que le matin a déposée
Sur tes fines lèvres rosées.
Les parfums de ton corps dormant
Sont si subtils et si troublants
Si chauds de ton profond sommeil
Mais frais déjà de ton éveil.
Et le silence de tes paupières
Closes gardant leur mystère
Souligne la grâce malicieuse
De ton sourire qui se creuse
Tandis que mes lèvres effleurent
La plus parfumée des fleurs.
Et j’attends ce précieux moment
Sourire aux lèvres, le cœur battant
Comme à l’aube qui blanchit
L’horizon quand meurt la nuit
J’attendais les fils de l’aurore
Quand les nuages se parent d’or.
Cet instant si merveilleux
Où je lis l’amour dans tes yeux
Où ta voix trouble le silence
Comme les chants d’oiseaux s’élancent
Aux premiers rayons du soleil
Dont les doigts rosissent le ciel.
vendredi 7 octobre 2011
Ambiguïté
Un de mes amis me disait que les relations hommes femmes sont toujours compliquées car marquées d’ambiguïté liée à une possible arrière-pensée sexuelle. Cela est finalement très étonnant, car il admettait avec moi que ses plus grands moments de plaisirs étaient plus liés à des illuminations, des crises d’admiration si l’on préfère qu’à des rapports sexuels.
Force est de constater que dans notre culture, dans les représentations classiques – cinéma, littérature, les femmes expriment plus bruyamment leurs plaisirs que les hommes, et de là à penser qu’elles en prennent plus, il n’y a qu’un pas. Elles laissent à l’homme ce plaisir subtil lié à cette fierté virile d’avoir donné du plaisir, d’être dans le regard de sa partenaire et donc dans son propre regard un « Homme ». À moins que le soupir des anges ne soit qu’un pieu mensonge comme le chante si bien Brassens. À mon âge, je n’ai plus à me convaincre que je suis un être humain et être un « homme » m’intéresse peu car jouer à qui pisse le plus loin m’indiffère. J’avoue trouver assez stupide de chercher à donner du plaisir à quelqu’un qui m’est peu, au risque de faire souffrir ma femme qui m’est tant et par contrecoup mes enfants et donc moi par la suite alors que mon plaisir le plus intense consiste à admirer le ciel, la nature, des œuvres d’art, les êtres humains… plaisir profond, gratuit et sans risque.
J’ai la sensation assez désagréable que notre culture fait beaucoup trop de cas du sexe – dont la signification étymologique est : « qui coupe », le sexe coupe l’humanité en deux – qu’il faudrait le ramener à sa juste place (très loin derrière le sommeil, la nourriture, les arts/divertissements, le travail…) et j’ai également la sensation que cette exagération nous prive de la moitié de la richesse humaine, ce qui est une perte considérable.
Pour lever l’ambiguïté, je porte ostensiblement deux alliances et parle très souvent de ma femme et de mes enfants, et en bien. Le fait que ce blog commence par des poèmes sur ce sujet n’est pas un hasard. Malgré toutes ces précautions, nouer une simple relation amicale avec une femme est compliquée et finalement il m’est souvent plus facile d’avoir des échanges forts avec des hommes qu’avec des femmes. Quand on sait le plaisir d’être accueilli tel que l’on est, on conçoit que ne pas l’être, pis être accueilli avec méfiance voire mépris par des personnes que l’on estime, peut être infiniment destructeur. Le prix que nous payons à cette surreprésentation sexuelle est exorbitant. Saluons donc la venue du « genre » dans l’éducation, car si le sexe sépare l’humanité en deux, le genre étymologiquement lié à la génération, à cette communauté de vie et de destins, peut permettre de l’apprécier dans sa richesse. Ne dit-on pas le genre humain.
Indifférence
Je suis toujours au milieu du guet
Bientôt, mais pas encore mort noyé
Je sens l’eau froide qui s’insinue
Entre la pierre glissante et mes pieds nus
La mousse chevelue qui résiste au courant
Me chatouille la plante et me rend hésitant.
Et les quatre jeunes filles qui marchent sur la rive
Parlent entre elles sans voir ce qui m’arrive,
J’aime les quatre et une plus encore
Et j’aimerais le leur dire, avant, que survienne la mort.
Mais mon pied glisse, se cogne à chaque pas
Comme leurs yeux se refusent, je ne l’accroche pas
Ce regard tendre et doux dont j’ai toujours rêvé
C’est dans l’indifférence que je vais me noyer
Et je force pourtant malgré mes pieds blessés
Dans le flot qui forcit, s’apprête à m’emporter.
Et les quatre jeunes femmes qui marchent sur la rive
Rient entre elles, voient-elles ce qui m’arrive ?
J’aime les quatre et une plus encore
J’aimerais le leur dire avant que survienne ma mort.
Le guet n’est pas un guet, et le sable s’enfuit
Sous mon pied qui creuse avidement le lit
Du fleuve où plus rien n’est solide,
La vie file, s’enfuit, liquide
L’eau me happe, froide et noire
Comme happe la nuit, la peur, le désespoir.
Et les quatre femmes qui marchent sur la rive
Parlent entre elles sans voir ce qui m’arrive,
J’aime les quatre et une plus encore
Ignorantes à jamais de ce que fut mon sort.
Mon cadavre a rejoint l’eau calme du delta
Il roule dans les algues, il fait un bon repas
Aux crabes, aux asters, aux autres nécrophages
Dont les coques demain blanchiront sur la plage
Le vent ne reprendra aucun de ces doux mots,
Morts noyés dans le fleuve. La vie n’a pas d’écho.
Et quatre vielles femmes assises sur la rive
Se plaignent, se lamentent que jamais rien n’arrive,
Jamais rien ni personne ne traverse le guet
Et c’est en vain, hélas qu’elles auront fait le guet.
Force est de constater que dans notre culture, dans les représentations classiques – cinéma, littérature, les femmes expriment plus bruyamment leurs plaisirs que les hommes, et de là à penser qu’elles en prennent plus, il n’y a qu’un pas. Elles laissent à l’homme ce plaisir subtil lié à cette fierté virile d’avoir donné du plaisir, d’être dans le regard de sa partenaire et donc dans son propre regard un « Homme ». À moins que le soupir des anges ne soit qu’un pieu mensonge comme le chante si bien Brassens. À mon âge, je n’ai plus à me convaincre que je suis un être humain et être un « homme » m’intéresse peu car jouer à qui pisse le plus loin m’indiffère. J’avoue trouver assez stupide de chercher à donner du plaisir à quelqu’un qui m’est peu, au risque de faire souffrir ma femme qui m’est tant et par contrecoup mes enfants et donc moi par la suite alors que mon plaisir le plus intense consiste à admirer le ciel, la nature, des œuvres d’art, les êtres humains… plaisir profond, gratuit et sans risque.
J’ai la sensation assez désagréable que notre culture fait beaucoup trop de cas du sexe – dont la signification étymologique est : « qui coupe », le sexe coupe l’humanité en deux – qu’il faudrait le ramener à sa juste place (très loin derrière le sommeil, la nourriture, les arts/divertissements, le travail…) et j’ai également la sensation que cette exagération nous prive de la moitié de la richesse humaine, ce qui est une perte considérable.
Pour lever l’ambiguïté, je porte ostensiblement deux alliances et parle très souvent de ma femme et de mes enfants, et en bien. Le fait que ce blog commence par des poèmes sur ce sujet n’est pas un hasard. Malgré toutes ces précautions, nouer une simple relation amicale avec une femme est compliquée et finalement il m’est souvent plus facile d’avoir des échanges forts avec des hommes qu’avec des femmes. Quand on sait le plaisir d’être accueilli tel que l’on est, on conçoit que ne pas l’être, pis être accueilli avec méfiance voire mépris par des personnes que l’on estime, peut être infiniment destructeur. Le prix que nous payons à cette surreprésentation sexuelle est exorbitant. Saluons donc la venue du « genre » dans l’éducation, car si le sexe sépare l’humanité en deux, le genre étymologiquement lié à la génération, à cette communauté de vie et de destins, peut permettre de l’apprécier dans sa richesse. Ne dit-on pas le genre humain.
Indifférence
Je suis toujours au milieu du guet
Bientôt, mais pas encore mort noyé
Je sens l’eau froide qui s’insinue
Entre la pierre glissante et mes pieds nus
La mousse chevelue qui résiste au courant
Me chatouille la plante et me rend hésitant.
Et les quatre jeunes filles qui marchent sur la rive
Parlent entre elles sans voir ce qui m’arrive,
J’aime les quatre et une plus encore
Et j’aimerais le leur dire, avant, que survienne la mort.
Mais mon pied glisse, se cogne à chaque pas
Comme leurs yeux se refusent, je ne l’accroche pas
Ce regard tendre et doux dont j’ai toujours rêvé
C’est dans l’indifférence que je vais me noyer
Et je force pourtant malgré mes pieds blessés
Dans le flot qui forcit, s’apprête à m’emporter.
Et les quatre jeunes femmes qui marchent sur la rive
Rient entre elles, voient-elles ce qui m’arrive ?
J’aime les quatre et une plus encore
J’aimerais le leur dire avant que survienne ma mort.
Le guet n’est pas un guet, et le sable s’enfuit
Sous mon pied qui creuse avidement le lit
Du fleuve où plus rien n’est solide,
La vie file, s’enfuit, liquide
L’eau me happe, froide et noire
Comme happe la nuit, la peur, le désespoir.
Et les quatre femmes qui marchent sur la rive
Parlent entre elles sans voir ce qui m’arrive,
J’aime les quatre et une plus encore
Ignorantes à jamais de ce que fut mon sort.
Mon cadavre a rejoint l’eau calme du delta
Il roule dans les algues, il fait un bon repas
Aux crabes, aux asters, aux autres nécrophages
Dont les coques demain blanchiront sur la plage
Le vent ne reprendra aucun de ces doux mots,
Morts noyés dans le fleuve. La vie n’a pas d’écho.
Et quatre vielles femmes assises sur la rive
Se plaignent, se lamentent que jamais rien n’arrive,
Jamais rien ni personne ne traverse le guet
Et c’est en vain, hélas qu’elles auront fait le guet.
mardi 4 octobre 2011
Énergie
Il paraît que la répression de désirs sexuels provoque chez certains des névroses et chez d’autres de la sublimation, c.a.d de la création artistique. Ouah !! C’est sûr, il faut choisir :
- pleurer et s’aigrir de toutes les belles femmes que nous n’aurons pas
- ou se réjouir de la beauté de toutes celles qui existent et des merveilles que nous avons épousées.
Si c’est un choix, ce qui peut se concevoir après un certain nombre d’années de vie et la prise de recul lui correspondant, ayant connu les deux, je peux témoigner que la sublimation poétique est nettement plus agréable à vivre que la névrose.
Admiration
Je sème au vent ma joie et mes remerciements
C’est pour moi que je chante fort égoïstement
Et tant mieux si tu aimes et la rime et le fond
Et tant mieux si ton coeur s'accorde à ma chanson.
Mais ma voix frêle peut rester seule au vent
C’est pour moi que je chante fort égoïstement
La morale est pour soi, comme le rythme du corps
Tu es jeune, je suis vieux, je vois l’ombre des morts.
Je suis vieux, tu es jeune, les filles te sont belles
Tu soupires dans la nuit car elles te sont cruelles
Moi, je chante le jour, la nuit, le crépuscule, l’aube,
Et j’admire de ma femme le mouvement de la robe
Ses gestes, son sourire, je sais mourir bientôt
Et j’imprime au vent de joie mes derniers mots.
- pleurer et s’aigrir de toutes les belles femmes que nous n’aurons pas
- ou se réjouir de la beauté de toutes celles qui existent et des merveilles que nous avons épousées.
Si c’est un choix, ce qui peut se concevoir après un certain nombre d’années de vie et la prise de recul lui correspondant, ayant connu les deux, je peux témoigner que la sublimation poétique est nettement plus agréable à vivre que la névrose.
Admiration
Je sème au vent ma joie et mes remerciements
C’est pour moi que je chante fort égoïstement
Et tant mieux si tu aimes et la rime et le fond
Et tant mieux si ton coeur s'accorde à ma chanson.
Mais ma voix frêle peut rester seule au vent
C’est pour moi que je chante fort égoïstement
La morale est pour soi, comme le rythme du corps
Tu es jeune, je suis vieux, je vois l’ombre des morts.
Je suis vieux, tu es jeune, les filles te sont belles
Tu soupires dans la nuit car elles te sont cruelles
Moi, je chante le jour, la nuit, le crépuscule, l’aube,
Et j’admire de ma femme le mouvement de la robe
Ses gestes, son sourire, je sais mourir bientôt
Et j’imprime au vent de joie mes derniers mots.
samedi 1 octobre 2011
La pose
Au bureau, j’ai eu récemment la visite d’une jeune femme : jolis yeux bleus, couverte de tâches de rousseur – entre 30 et 40 ans – robe fourreau blanche brodée de fil jaune, s’arrêtant mi-cuisse et les bras nus, et qui durant notre entretien a relevé ses cheveux derrière la tête à la manière de certaines stars d’avant-guerre. J’avoue que je n’ai pas compris l’intérêt de cette position. Cela m’a beaucoup amusé. À tel point que j’en ai parlé à mon amimuse Catherine à midi qui a repris la pose en riant, pleine d’une grâce enfantine. C’était nettement plus compréhensible :
La Pose
J’aime quand tu prends des poses
Comme s’épanouit la rose
Au feu offrant ses pétales
Sa précieuse robe opale
Quand traverse la lumière
Elle prend couleur et matière.
Et de même quand tu joues
Tes cheveux faisant la roue
Dans tes mains les étalant
Comme un disque étincelant
Une auréole d’or et de feu
Bien accordé à tes yeux
À tes taches de rousseur
À ton beau sourire moqueur
Le soleil un rien coquet
Se pare de ta beauté.
La Pose
J’aime quand tu prends des poses
Comme s’épanouit la rose
Au feu offrant ses pétales
Sa précieuse robe opale
Quand traverse la lumière
Elle prend couleur et matière.
Et de même quand tu joues
Tes cheveux faisant la roue
Dans tes mains les étalant
Comme un disque étincelant
Une auréole d’or et de feu
Bien accordé à tes yeux
À tes taches de rousseur
À ton beau sourire moqueur
Le soleil un rien coquet
Se pare de ta beauté.
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