mardi 16 août 2011

Fable et Droit de réponse

Mon cher ami le mouton noir - Edouard de son prénom, dont vous pouvez consulter le blog à succès, ne serait ce qu'en tapant "Edouard le mouton noir" dans google, vous verrez son lien apparaître en premier alors que tapez "Serial poète" et si vous me trouvez c'est que vous êtes super balaise en internet - est bien mon premier et pour l'instant seul "adhérent". Il est vrai que je n'ai fait qu'assez peu de publicité autour de cette affaire de blog, j'ai encore un peu honte de mes productions et de mes catharsis publiques. Néanmoins j'en ai fait plus que de le lui signaler, à lui seul, et pourtant il est toujours seul. Bon, il faut s'y résoudre, la poésie est un passe-temps de "maniaques et d'universitaires" dixit Leo Ferre qui pourtant à tant fait pour diffuser les poètes, et n'intéresse donc que peu de monde - moi-même j'en écris plus que je n'en lis - de celle des autres, j'entends, parce que malgré les photes aurtaugrafes, je me relis et même plusieurs fois - je sais c'est effrayant. Bref Edouard, mon compagnon de quelques années désormais, qui m'a incité à publier mes poèmes sur un blog, a été publiquement et par mes soins mis en doute concernant son soutien sans faille à mon coming out poétique. Honte à moi, je ne savais pas encore utiliser mon blog - je ne sais toujours pas d'ailleurs - et je n'ai lu que très récemment son commentaire. Bref je fais mon mea culpa, sans difficulté parce que je le crois sur parole et donc voilà un poème écrit avec mon mouton noir préféré pour muse - quoi de mieux pour lui montrer mon attachement - et un poème avec un mouton c'est une fable bien entendu :


Le mouton et le renard


Un hasard étonnant fit un jour un renard
Pâtre étonné d'un curieux mouton noir,
Car contrairement à tous ceux de sa race
Ce sombre ovidé avait besoin d'espace.
Las des sentiers battus par maintes transhumances
Des alpages solitaires étaient son espérance.
Il s'était éloigné de l'ennuyeux troupeau
Un berger vint à lui en jouant du pipeau
Le poussant plus loin encore à l'aventure
Réjouissant le mouton de cette couverture
Inespérée lui permettant de voyager.
Mais pas dupe. Car curieux, il l'était,
"Bon berger, Entendez-vous le tocsin sonner ?
A croire que l'alarme nous vient du poulailler."
"Mais non c'est l'angélus qu'ici nous entendons
C'est le bon Chanteclerc qui donnerait le ton."
Affirma le pâtre d'un ton très sentencieux,
Rabattant son chapeau sur le bord de ses yeux.
"A moins qu'un goupil lui ai fait son affaire !"
"Un goupil ? Il n'y en a plus sur cette terre,
Le roi Lion l'a chassé depuis belle lurette."
Le mouton lui sourit et un instant s'arrête
"Le mal s'en revient comme s'en revient l'hiver",
Il repart "Goupil ou non, moi je n'en ai que faire.
Ma toison est épaisse, mes cornes sont pointues,
Je tuerai le goupil avant qu'il ne me tue"
Le pâtre étonnamment vexé "Son arme c'est la ruse"
"C'est vrai. Malgré tout, je doute qu'il m'abuse,
Je connais tous ses tours, je les ai étudiés
Je verrai bien sa queue s'il était déguisé."
Le ton de ce propos était si entendu
Que Renard vit la sienne dessous son pardessus.
Il la cacha. "Où allons-nous, bon berger
J'ai envie d'herbe fraîche mais sans la partager."
"Euh, je connais dans les bois une belle prairie 
Une source y coule, elle est toujours fleurie"
"Les bois ? Ysengrin, le loup, y a son âtre !"
"Le pré sera désert, le loup a peur des pâtres !" 
Et se servant l'un à l'autre de sauf-conduit
Ils échappent au loup et aux chasseurs aussi.
Un renard rusé pasteur d'un mouton matois
Qui se rit de l'un, qui de l'autre rira,
Le mouton est trop gros, le renard le sait bien
Le mouton se méfie, le renard est trop fin.
Ils cheminent ensemble, Renard guide leurs pas
Tant que le mouton noir est d'accord toutefois.
On ne contredit pas qui a de longues cornes
Le renard le sait bien et aussi le flagorne
Sans savoir toutefois comment duper l'ovin
Et pouvoir d'un gigot, peut-être calmer sa faim.


Un soir une poule égarée vint chercher un abris,
Auprès des deux fuyards, elle n'était que cris :
"Bien contente de trouver des gueux de votre genre
Un mouton, un pâtre ! Pff à peine bon à me défendre,
Enfin je suis bien aise... Hé le laineux
Que vous êtes gros. Poussez-vous donc du feu" 
"Renard, Débarrassez nous donc de ce cauchemar"
 Et le renard heureux engloutit la poularde.
"Vous êtes un drôle d'herbivore" dit le rouquin affable,
Me laissez dévorer une de vos semblables."
"Quoi ? Moi semblable à ce stupide volatile,
Et pourquoi pas à vous ? Ne suis-je pas subtil ?"
"Oh si et votre compagnie m'est précieuse
Le mouton fait le pâtre, attire les oiseuses
Éloigne les chasseurs qui réclament vengeance."
"Et du loup aussi, la redoutable engeance,
Je ne suis avec vous pas un mouton perdu
Je vais où il me plaît, les chiens ne mordent plus.
Aucun des deux à l'autre ne peut nuire
Et trahir l'autre est encore se trahir."  
Ainsi fut conclut cette étrange amitié
Du renard, du mouton épris de liberté.
Ils courent encore, dit-on
Les  poules disparaissent à cause des faucons.


Il est vain de classer les êtres sur un seul trait
La différence en tout peut avoir de l'attrait
Nous sommes plus communs que nous croyons
Si ce n'est dans la forme, peut-être dans le fond,
Mais également plus extra-ordinaires,
Gérons ce paradoxe en demeurant ouverts 
Avant de refuser quelques étranges alliances
Attendons, attendons, armons nous de patience.


NB : Mon bon Edouard avait déjà publié cette fable mais je l'aime bien, je voulais la signer, c'est chose faite. Sur son blog, je suis "le petit renard" en référence à celui du petit prince de Saint-Exupéry, celui qui donne un secret "l'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le coeur", qui explique ce qu'est un rite, qu'être apprivoisé... et qui dit au petit prince "tu ne diras rien, le langage est source de malentendu" alors qu'il parle tout le temps, de sorte qu'il est impossible de savoir si ce renard est un philosophe ou un parfait abruti. C'est un peu la question que je me pose en permanence. A mon sujet j'entends. Et vous ?

A mon sujet ou au vôtre ?  Finalement, il n'est pas si nouille avec son malentendu, le renard. C'est à se demander si toute vérité n'est pas paradoxale...    

En attendant, Jolie muse que Mon mouton noir - si un certain loup que je ne connais que de nom, association étrange s'il en fut, me permet l'expression - n'est-il pas ?

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