mardi 30 août 2011

Sous le défaut

Un jour, je discutais avec un de mes amis de la beauté des femmes qui nous entouraient. Il y avait très près de nous, une femme dont le sourire a été pour moi une révélation. Elle avait l'art d'illuminer les gens, c'était incroyable. Je l'avais vu faire plusieurs fois et j'en étais arrivé à me dire qu'il me fallait absolument faire d'elle une amie, c'était essentiel à mes yeux. Je parle donc de ce sourire à mon ami et il me répond "Mais non il est superficiel, elle le donne à tout le monde" et lui de me dire "Moi c'est M qui me bouleverse, d'elle se dégage un tel sentiment de fragilité que cela me donne envie de la prendre dans mes bras". J'aurais pu tout comme lui répondre "J'ai vu plusieurs fois M en colère pour des divergences de points de vue, je ne vois pas sa fragilité." et ainsi nié la beauté qui le touchait tant. Mais comme il m'arrive de croiser beaucoup de personnes intelligentes, je préfère les comprendre avant de les réfuter. Je lui ai donc demandé de me dire ce qu'il entendait par là. Il m'a répondu "Je ne saurai t'en dire davantage". A cette époque, je n'aurai pas su dire non plus pourquoi ce sourire me plaisait tant. Il était lumineux, elle était belle. Pour l'un comme pour l'autre, la beauté était inexplicable, indicible. J'aurais pu ne pas le croire comme il ne me croyait pas, mais je disais la vérité, une vérité précieuse et lui semblait faire de même, et je ne le croyais pas, pas plus que lui. La beauté est incroyable mais j'ai essayé de voir tel qu'il voyait et effectivement chez les indiens la colère est une preuve de fragilité et j'ai supposé qu'il avait raison et j'ai eu l'occasion depuis de voir cette immense sensibilité. Il était incroyable et il avait raison, et j'ai eu également raison  de m'attacher à ce sourire car sa beauté était là aussi sous son défaut, juste sous les mots que mon ami avait prononcés.
Celui qui creuse, celui qui s'attarde, celui-là a plus de légitmité à avoir raison que celui qui reste à la surface des choses, les survole. J'ai eu raison de croire mon ami parce que tout comme moi, il disait la vérité et il était incroyable, de croire parce que c'est incroyable.
Avez-vous reconnu Saint Augustin ? "Je crois parce que c'est incroyable" ou le grand philosophe Jacques Martin "C'est incroyable mais ... vrai". La beauté de ces deux femmes m'ont expliqué cette phrase si paradoxale, si troublante de Saint Augustin, père de l'église et auteur à l'influence considérable dans notre histoire. La réalité est déjà incroyable, pourquoi la vie et non le néant ? Pourquoi sa finesse ne le serait pas davantage encore. La beauté est difficilement dicible, explicable, croyable, cachée sous les défauts mais elle éclaire le monde. C'est bien pour cela qu'il faut parler des goûts et des couleurs mais en parler vraiment en en acceptant le miracle.

L’éternel miracle
ou
Tout est relatif
     
      Sauf l’amour qui est absolu

Dans le jardin d’automne
De ma vie monotone
D’où le temps s’enfuit
Comme tes cheveux gris 
Dans le vent qui étire
En fuseaux et déchire
En lambeaux les cirrus.
Je rêve, je m’amuse,
A contempler le ciel
Ce spectacle éternel,
Mon souffle est apaisé
Mes yeux demi-fermés.

Mon esprit s’égare
Dans l’espace noir.
Croisant avec la lune
Je mesure le volume
De la voie lactée
Dans cette immensité,
Si rare est la matière
Si petites ces sphères,
Le soleil si livide
Dans tout ce vide.

Et dans cette matière
Rares sont les terres
Qui abritent et qu’enchante
La matière vivante.
Enfer chaud, enfer froid
Le diable est roi,
Que de flammes et de glaces
Dans cet espace !

Sur cette terre de roches
La vie s’accroche
Quelle partie ridicule
Que cette pellicule,
Si frêle, si infime
Face à l’abîme.

Et dans ce grouillement
Où on tue, où on ment
Si rare est la matière vivante
Qui soit aimante.

Et tu ne sais pourquoi
Le miracle c’est toi ?

Quelle belle vie, ma chérie.  (2)


(1 variante « comme ta joie, tes cris » variante pour amour paternel ou maternel)
(variante "Quelle belle vie, mon chéri" ou "mon ami,"  selon la nature de l'être aimé, Attention sinon cela peut donner "ma chérie, attention à c'que tu dis, j'suis pas une tapette", hé oui! ).

Celui-là il me faudrait l'offrir à mon épouse à qui je pensais en l'écrivant, mais elle n'aime pas quand je mêle des références mythologiques, sacrées à mes poèmes. C'est dommage, moi qui souhaite utiliser la poésie pour resacraliser notre petite vie moderne et matérialiste et qui utlise la vie, mes petits commentaires, pour humaniser la poésie. Ah les muses !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire