Puisque j'en suis à parler de mes très nombreuses muses, Aurore, Catherine, Houria, Nathalie... (par ordre alphabétique, et uniquement celles déjà citées) - autant vous donner le poème qui a été le fait déclencheur de ce blog. Il faut tout de même signaler que ce blog est né en pleine affaire DSK. Le souci du poète, c'est que la poésie l'habite, comme la course est essentielle au coureur. Les sportifs vous le diront, privez les de sports et ils tournent en rond pleins d'une énergie dont ils ne savent que faire. Le poète - même piètre - est identique, les vers naissent d'une vision, un sentiment et viennent, reviennent à lui tant que le poème n'est pas écrit. C'est un processus compliqué, car si un vers est là, le reste ne vient qu'en le déroulant, parfois plusieurs mois après. Les idées sont parfois longues à accoucher. Donc vous voyez de la beauté autour de vous, dans un sourire, une attitude, une révolte, une liberté et le poème vient à vous, et après qu'en faire. Cela me navre de le garder pour moi. Quand vous voyez de la beauté chez quelqu'un, que cette force s'impose à vous, pourquoi la garder pour soi ? Pourquoi ne pas lui rendre cette part de sacré qu'il possède et qu'il vous a offert ? Le difficile est que tout don suppose un contre-don, sinon nous entrons dans une relation déséquilibrée de séduction. Les muses ne savent pas que leur don a déjà été fait, que le poème n'en est que le contre-don. A cela s'ajoute qu'aujourd'hui, la beauté n'est quasiment vue que dans sa composante normative alors que la beauté réelle est surprenante, révélatrice, émouvante - la beauté est sous le défaut, et l'art du poète, de l'artiste est de lire le défaut dans sa réalité, non de défaut mais de différence, de liberté par rapport à l'étouffante norme. Bref allez dire à une femme aujourd'hui qui se croit au mieux quelconque qu'elle est belle, elle croit que vous la courtisez, faites le en vers, c'est à dire avec la langue qui contient dans son style la preuve de cette beauté, c'est pire encore. Faites le plusieurs fois, pour plusieurs muses, cela mérite la correctionnelle, Rock Island... Bien sûr l'affaire DSK n'a rien à voir, si ce n'est que par le côté pathologique qu'a la société dans les rapports entre les genres qui se retrouve dans ma peur de choquer... Bref un besoin exprimé de multiples fois, difficilement réprimable, tombant sous le coup de la loi... Je suis un poète en série.
L'aveu
J’avoue, cessez votre enquête
Je suis bien un serial poète.
Un beau regard ou un sourire
Je prends ma plume pour écrire.
Je fais des tresses de mes mots
Et puis je les offre en cadeaux
A la belle interloquée
De se voir ainsi parée.
Bien sûr elle ne comprend rien.
Pourquoi moi ? A quelle fin ?
Elle s’affole, elle a peur
En voudrait-il à mon honneur ?
Halte là ! Pas de panique
Même si rien ne l’explique
C’est très simple, c’est tout bête
Je suis un serial poète.
Cela est vrai, je n’ai pas choisi
D’être accro à la poésie
Et ce n’est pas toujours marrant
D’être compris une fois sur cent.
Mais quel plaisir en vérité
D’apercevoir de la beauté
Sous un détail, une différence
Un défaut, une correspondance.
Et de savoir en peu de temps
Photographier ce sentiment
En douze pieds et en trois rimes
Qui le sauveront de l’abîme
De l’oubli et le ressusciter
Quand j’en viens à les réciter
Ainsi je vis dans la beauté,
Celle présente, celle passée,
Guettant, rien ne peut m’assouvir
La prochaine qui va surgir.
Comprenez que j’ai le sourire
D’avoir cette vie de plaisir.
Et aussi je le regrette
De vous le dire, malgré vos têtes,
Je doute que jamais je m’arrête
D’être un serial poète.
Et tant pis, si, si souvent
Mes vers s’envolent dans le vent
Et ne laissent dans vos mémoires
Que le souvenir d’un trou noir.
Car à semer sans avarice
Les bonnes graines fleurissent
Car j’ai changé – si je ne m’abuse,
Quelques femmes en des serial Muses.
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