jeudi 27 décembre 2012

Le lion et le léopard


Ou la force et la sottise

Un léopard de belle taille
Menait belle vie sans bataille
Les lions du voisinage
En avaient peur et étaient sages,
Et braves, allaient chercher querelles
Aux gnous, aux zèbres et aux gazelles.
Ils n'avaient pas besoin d'en tâter
Finement pour constater
Que les griffes et les dents de l'animal
Avaient tout pour leur faire mal.
Et sans conflit, sans heurts, ni rixes
Le temps pour lui était au beau fixe.

Mais un jour vint un lion d'aventure,
Fier, hautain, prétentieux, un peu trop sûr
De lui et de sa royauté
Sur toute l'animalité.
Et comme tant d'autres avant lui
Il terrorisa tout dans le pays,
Exigeant que fassent leur soumissions,
Toutes les bêtes de la création.
Le léopard diplomate
Fit un salut d'une demie patte
Et continua sans mystère
Sa vie fière et libre de panthère,
Se jugeant apte à affronter
Au besoin cet effronté.
"Je suis dangereux, c'est évident,
Il aura trop peur de mes dents".

Mais ce lion là était un sot
De la pire espèce, un sot
A qui rien ne sert de raison
Ni la prudence ni l'éducation,
Et un jour sans même y penser
Il attaqua l'autre félidé.
Le combat fut sanglant et sans vainqueur
Et montre deux types d'erreurs.
Sous-estimer la force de l'advesaire
Est sans nul doute la première
Dans le temps. Mais en sous-estimant
La sottise, l'absence de jugement,
L’imbécillité du lion
Le léopard a aussi manqué de raison.
Hélas qu'il est dur de se protéger
De cette deuxième fragilité,
D'imaginer que des gens si haut
Soient manifestement de vrais sots,
Et tentent d'écraser tout ce qui rampent à terre
Orvets, limaces ou bien vipères.  
 


vendredi 21 décembre 2012

Apocalypse

Un peu plus tôt, un peu plus tard,
Qu'importe l'heure du départ,
Qu'importe quand la branche se brise
Sous l'ouragan ou sous la brise.

Qu'importe les flots qui la roule,
A quelle profondeur elle coule,
Qu'elle sédimente, se décompose,
Papier pour poésie, pour prose.

Qu'importe car tout finit bien par passer,
Pierres, étoiles, ces brèves marques du passé,
Et quand le temps aura tout fondu
Le temps lui-même ne sera plus.  

dimanche 16 décembre 2012

Carte Postale

Trois mots sur un carnet, une robe, une lumière, une musique, un lieu, un parfum, un retable, une région, tout revient. La poésie recueille en ses rimes le silence et la prière. Vraiment ?

Sainte Marie du Menez-Hom 

La chapelle en granit
Dessous le Menez -hom
Recèle les pépites
De l'histoire des hommes

Un retable baroque
D'argent, d'or et de bois
Une statue de Saint Roch
Sous le tombeau du Roi.

Toujours plus bas, hélas
Que la flèche mariale
Malgré l'étrange amas
Sur sa pierre tombale.  

Une pieuse musique
Raisonne bellement
Sous la nef gothique,
Tout semble allemand.


Un parfum de fruit rouge
Des cheveux ondoyants
Une robe qui bouge
De coton, simplement.

La lumière bleue et verte
Filtre dans les vitraux
Et le vaisseau inerte
Dérive au fil de l'eau.

S'échouera, Dieu sait quand
Un soir de froid ennui  
Réveillant doucement
Mes souvenirs enfouis.



jeudi 13 décembre 2012

Behind the name

Étymologie

Ton prénom ne dit rien du si beau paysage
De tes yeux noirs fendus, l'ovale de ton visage,
De ton teint lunaire, de tes cheveux de nuit
Où mon esprit souriant, se promène et s'enfuit.

Ton prénom ne dit rien des rayons lumineux
Que jette en se levant ton sourire radieux
Ni de l'art de la danse, légèreté et grâce
Que révèlent inconscients quelques pas de ta marche.

Non, mais ton prénom murmure à l'ami curieux
Des histoires sanglantes et des meurtres odieux
L'espoir partout le même et les rêves de paix

L'amour profond des roses et parfums légers
La sagesse précieux trésor de moines, anciens rois,
Ton prénom si petit est bien plus grand que toi.

lundi 10 décembre 2012

La confiture de pêche

Ah ! la confiture de pèche,
Aux morceaux si doux et si juteux
Que par deux fois, je pèche
Gourmand et luxurieux.

Ces  morceaux de fruits fermes
Sont tes lèvres exquises
Le sirop qu'il renferme
Pousse à la gourmandise.

J'aime au petit matin
Ce plaisir si mutin,
Où le sucre et le fruit
Prolonge, suavement nos nuits.

mardi 4 décembre 2012

La France moche

La beauté est finalement le seul sentiment réellement nécessaire à l'homme. Sans elle, la vie est sans saveur. Je me souviens de paysages bretons dans lesquels je me sentais pleinement vivant et parfois il suffit d'un détail, d'une lumière pour que la beauté soit là, à portée de contemplation :


Période de manque

Oh les heures se ressemblent
Dans ces tristes et vastes ensembles,
Ces bureaux aux rideaux tirés
Sans même un ciel pour voyager.


L’artificiel en est l’essence.
Tout semble mort, vide de sens.
Et la vie s’étiole et s’étire
Il n’est rien pour me faire frémir.


Le beau ? Enterré sous le goudron.
Sans un carré de vert gazon.
Dans ce pays gris de hangars
Je m’ennuie et j’erre hagard.


Et fermant les yeux, je soupire,
Une larme coule sur mon sourire,
Et ravivent mes souvenirs
De la lumière à laquelle j’aspire,


La lumière fraiche de ton regard
Qui perce si bien ce brouillard
Et donne au plus atone paysage
La grandeur des contrées sauvages.

dimanche 25 novembre 2012

Cécité amoureuse

Joli débat,

l’amour rend aveugle dit le proverbe mais il rend aussi poète comme le chante si bien Brel et le dit aussi Platon dans le banquet. Et nous savons que les poètes sont des voyants pour reprendre A. Rimbaud tout autant que Jean Ferrat (le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon et l’avenir est son royaume). Alors ?
Comment faire la part de l’amour et de l’infatuation ? Jugeons des actions ou des choses sur plusieurs critères :
  • leurs intentions – mais l’amour n’a pas d’intention, si ce n’est l’intention de la survie de l’espèce qui est probablement son origine bien lointaine,
  • Leurs effets. Si la conclusion d’un amour est celle dépitée et vacharde de Swann « Dire que j’ai souffert… tout cela pour une femme qui n’était même pas mon genre, tout cela pour une femme qui ne me plaisait pas », certainement avez-vous été infatué. Mais si votre conclusion est de voir comme Saint Exupery dans les étoiles cent mille grelots et de percevoir l’essentiel invisible du monde, alors vous avez réellement aimé.
A moins que vous ne soyez capable de mettre de l'intelligence dans les choses les plus stupides. 


L’amour aveugle

Mon amour tel l’éclair
M’atterre et m’éblouit
Sans même besoin du tonnerre
Me sonne et m’assourdit,


J’ai observé dans mes nuits,
Mon paysage qui s’éclaire
A chaque zébrure de lumière
De ton regard qui me poursuit.


Le corps dévoré de frissons
J’ai parcouru les horizons,
L’onde des fleuves assombris
Où gît l’or pur de ton souris.


Trouvé les portes de mon âme
Ton prénom comme sésame.
Et j’ai touché et bu la flamme
Du buisson sur la montagne.

 
Et depuis je chante en vers
A l’étonnement des sots
Ces roulements du tonnerre
Dont j’entends encore l’écho.

 
Et mes jours sont comme mes nuits
Emplis de toi et de tes mots
Même si ton prénom s’évanouit
Que ton visage devient halo.

 
Ainsi malgré ma cécité
Poète, Je perçois du vent, la beauté
De l’invisible, des oubliés
Du présent, futur et passé

 
Comme Jupiter et Héra
Changèrent le brave Tyresias
L’amour, ce sentiment divin
M’a rendu aveugle et devin.

lundi 19 novembre 2012

J'aime le son du cor


Le cri d’amour du train hululant dans la nuit

Le serpent de lumière glisse dans les ténèbres

Son corps creux transparent me digère sans bruit,

Suit mes rêves apaisés comme un convoi funèbres.


Je te rejoins bientôt au matin de la gare

Ton corps sera chaud comme un lit attendu

Je te sens déjà là dans mes bras détendu

Et ta peau douce et blanche où mon esprit s’égare.


Et je me sens gonflé d’une vie bienheureuse
Je suis la nuit même ou ce serpent serpente

Tu es la lune blanche qui dans le ciel me hante,


Vers qui rampe entêtée mon âme sinueuse

Et frôler  tes chairs d’aube, d’eau et d’éblouissance

Résonne et m’apaise comme cri de ta jouissance.


Touhou

jeudi 15 novembre 2012

Archéologie

J'ai retrouvé un vieux poème, je ne saurais dire si comme les vins, il s'est bonnifié - je suis si mauvais juge de mes écrits. Les publierais-je sinon ?

Séjour des morts

Sa beauté pare le monde

De tâches de couleur
Comme les pavés gris
D’une obscure chapelle
Que rehausse parfois
La lumière irisée
Passant par les vitraux.
Tout ce qui lui ressemble
Semble avoir son goût
Elle qui n’était qu’ombre
Avant de la connaître
La voici flamme enfin
Du feu de mon amour,
Et la moindre chandelle
Ayant sa couleur blanche
A pour moi la grandeur
Du grand cierge pascal.
Tout me semble lumière
Tout m'aveugle et me brûle.
Dans ce noir lumineux,
La lumière est souffrance
Car derrière ces ombres
Il n'y a que l'absence
Le vide et l'abîme
D'un amour méprisé.
Hélas, tout me semble Lumière
Mais tout n’est que reflet
Dans ce théâtre d’ombre
Je suis seul à brûler…
Quand viendra donc l’aube
Dont la lumière rasante
Passera sous ma porte
M'en indiquant le lieu
Rendra fades enfin
Ces flammes vacillantes
Et me dira heureuse
et d'un ton victorieux
« Lève-toi,
Prends ma main
Laisse ces oripeaux
Le soleil luit dehors
Pas un nuage au ciel,
Viens, Il fait beau,
Viens,
Tes amours sont mortes
Il est l’heure pour toi
De sortir du tombeau ». 

dimanche 11 novembre 2012

Le mariage homosexuel

A bien y réfléchir, le mariage est une étrange institution car enfin tous ceux qui l'ont complètement raté, peuvent prétendre à en faire un nouveau, alors que ceux qui l'ont réussi, non. D'habitude dans le monde tel que nous l'imaginons, à chaque succès sa récompense. Vous réussissez vos études et hop vous avez un meilleur salaire - oui, je sais, l'exemple laisse à désirer d'un point de vue pratique - mais en théorie, on vous confie un poste plus complexe et à chaque mission réussie, vous prenez davantage de responsabilités et ainsi de suite.
Le mariage, c'est le contraire. Vous êtes un blaireau, vous plantez deux enfants au propre comme au figuré, votre épouse ne vous supporte plus, elle vous met dehors et vous courrez recommencer deux pâtés de maison plus loin avec de préférence une femme plus jeune à la peau plus douce - c'est souvent corrélé. La belle santé de la démographie française est en partie basée sur ce principe-là.
Vous êtes un homme presque parfait, vos enfants sont heureux, votre femme aussi et non votre réussite, votre expérience ne vous autorisent en rien à prétendre à avoir une deuxième femme plus jeune, à la peau plus douce en plus de la première et de lui faire des enfants. Avec cette méthode la race des blaireaux est bien plus prolifique que celle des hommes parfaits. Du coup, nous ne nous étonnerons en rien que la civilisation périclite et que le niveau baisse.
Avec un mariage à points, les rares hommes merveilleux - intelligents, drôles, câlins, philogynes... ne tarderaient pas à se constituer un splendide petit harem de femmes heureuses d'avoir un homme parfait. Bien sûr le symétrique ne serait pas interdit mais comme les femmes merveilleuses sont bien plus nombreuses - pour mémoire 95% de la population carcérale est masculine - ce serait bien plus rare. D'autant qu'en prenant une épouse, l'espérance de l'homme augmente alors qu'en prenant un époux, celle de la femme diminue, donc les femmes prendraient leurs droits à la polyandrie plus rarement que les hommes : trop risqué.
Mais non nous ne vivons pas sous le signe de la raison et ce n'est pas de cette réforme là dont le parlement discute : La question est "les homosexuels doivent-ils échapper à l'ineptie du mariage ?".
Pour ma part, combattant contre l'hétérophobie depuis ma prime jeunesse, je ne vois pas pourquoi l'homosexualité serait un avantage dans la vie. Je trouve qu'il est largement suffisant que le niveau de vie des homosexuels soit supérieur aux hétérosexuels. Halte aux inégalités ! Autorisons donc le mariage homosexuel !- ou plutôt le contrat d'union civile pour tous, pour laisser à l'église la jouissance de son AOC, qu'elle y admette qui elle voudra. mais nous laisse vivre comme bon nous semble comme en république.
Et que dire de l'adoption. Pour un enfant, quoi de plus traumatisant que la violence, allant jusqu'à la mort et le viol ? Or la violence et le viol vis à vis d'enfants ont lieu très majoritairement dans les familles et par les hommes - cf les statistiques précédentes. La famille la plus sûre pour l'intégrité de l'enfant serait donc une famille de femmes où l'Homme serait rare - donc soit le harem de tout à l'heure avec seulement un homme parfait, soit une famille de lesbiennes ou une famille d'hommes mais totalement allergiques à la violence, adeptes des vertus et des comportements féminins, si vous voyez ce que je veux dire.
En pratique d'ailleurs, les familles ont bien perçu le caractère inutile de bien des hommes dans l'éducation des enfants puisque 40% des pères divorcés ne voient plus les leurs, ce qui se traduit par la montée d'une détresse sociale nouvelle : les familles monoparentales dont le parent est la mère.
Entre nous, s'il m'avait fallu être adopté, entre le couple Jeans Marais et Cocteau et le couple Dutrou, je n'aurais pas mis longtemps à me décider.

Testament à mes enfants

Si demain la mort me frappe
Si bien trop tôt, elle m’attrape,
Avant que vous ne soyez grands,
Que vous soyez toujours enfants.

Qu'une main est nécessaire
Pour vous relever de terre
Qu'un sourire vous soutienne
Quand la vie vous fait des siennes

Ne regardez que l'amour
Qu'il donnera chaque jour,
Et l'éclat de son sourire
Sa science à vous faire rire,

Et à répondre présent,
A toutes vos peurs d'enfants,
A venir vous aider
A chaque difficulté

Réjouissez vous si la chance
Lui a donné la science
De comprendre la nature
D'anticiper le futur,

Mais tant pis si le présent
Est le seul de ses temps
Si la nature est son jardin
Et ne parle qu'à ses mains

Et tant mieux s'il vous épargne
Par l'argent de son épargne
De connaître jamais l'errance
La misère et la déchéance.

Mais si au coeur de l'inquiétude
Il combat votre solitude
Etant lui-même son seul bien,
Ce sera bien plus que rien.

Quel qu'il soit, s'il a l'amour
Afin d'éclairer vos jours
Il a ma bénédiction
N'importe ses inclinations.

Et même si c'est une femme
Je n'y verrai rien d’infâme
Que vous l'appeliez papa
Pour peu qu'elle guide vos pas.

Bisous


       

jeudi 8 novembre 2012

Le monde du silence

Le monde moderne est merveilleux, il offre des outils de programmation formidables. Ainsi il est possible d'inviter quelqu'un à déjeuner par mail en vérifiant son agenda. Cela permet de faire vivre facilement un réseau de connaissances ou d'amitiés et d'éviter de manger ad  nauseam  avec les mêmes personnes.  Ma maladie mentale, ma grande lucidité ou mon épicurisme esthétique - ou les trois - me poussent à avoir une préférence pour les femmes. Ma maladie mentale car cette préférence est antérieure à toute réflexion, ma lucidité car la moyenne des femmes est bien plus agréable que la moyenne des hommes - douceur, écoute, pragmatisme, réalisme.. et mon épicurisme car je suis ainsi fait que je suis plus sensible à la beauté féminine. Cependant avec les femmes, il existe parfois une ambiguïté, pas toujours. Elle se dissipe avec le temps. Quand rien ne s'est passé après plusieurs années, l'ambiguïté est morte malgré les compliments que mon naturel contemplatif et ma philogynie m'amènent à faire. 
Mais parfois, l'ambiguïté est trop lourde à gérer  pour l'invitée ou je suis considéré comme un commensal trop peu intéressant et mes invitations restent ou sans réponse ou en reçoivent une négative. Je pourrais en concevoir de l'aigreur - dans un cas de me voir incompris et dans l'autre déprécié - ce qui est très déraisonnable. Car primo concevoir un sentiment désagréable dans la mesure où il est possible de maîtriser ses sentiments, est stupide. Et deuxièmement ce n'est pas l'incompréhension ou la dépréciation qui est étonnante, il y a toujours beaucoup de choses incompréhensibles et agaçantes chez quelqu'un et donc pourquoi s'aigrir de ce qui est prévisible. C'est bien le contraire qui est étonnant, la compréhension même incomplète et l'appréciation même partielle. Quel dialogue pourrions nous donc avoir avec l'invitée et surtout avec nous-même pour sourire à ce refus ou ce silence : 


Dialogue & Soliloque 

Vous n'avez pas d'irritation 
De ma petite invitation ? 
Car j'ai cru qu'il vous plairait 
Madame, d'être devancée. 

N'aviez vous pas, il y a un mois 
Evoqué, à mon grand émoi, 
Ce plaisir si délectable 
De partager notre table. 

Mais la date imaginée 
Depuis longtemps dépassée, 
Et je restais avec mon désir 
De savourer votre sourire, 

De rehausser ce bel automne 
De vos cheveux en couronne 
Sublimer la couleur des cieux, 
Par la douceur de vos yeux. 

M'apaiser par l'harmonie, 
De vos mots et leur poésie 
Qu'accompagne si bien le vent 
Par sa musique et  par son chant. 

Car la vie, je vous l'avoue 
Devient plus belle près de vous, 
Car la beauté de la création 
N'a jamais de saturation.   

Tant pis ou tant mieux pour moi 
De rester seul avec ma joie, 
Après tout, n'est-il pas merveilleux 
Que tout ne soit pas pour le mieux. 

Que dans ce rouge flamboiement 
Il demeure d'autres diamants 
Que je verrai scintiller 
Un autre jour de l'année. 

Mesurez donc votre beauté, 
A mon intense volupté 
A savourer votre sourire 
Ou à rester dans son désir. 

Faisons fi de votre absence, 
Connaître votre existence 
Me suffit étonnamment , 
Pour chanter philosophiquement. 

Et ainsi mon seul regret 
Serait de vous voir irritée 
Dites-moi qu'il n'en est rien 
Afin d'en être plus serein. 

mercredi 24 octobre 2012

Un ange passe

Gourmandise 

Sa robe verte se balance
Suivant de ses pas, la danse,
Comme d’un saule le feuillage
Dont je rêve de l’ombrage,


Une heure pour y rêver
Et admirer le reflet
De l’or du ciel, de l’azur
Sur sa belle chevelure.
Je la regarde passer 
Au loin, tout émerveillé
M’attendant qu’elle disparaisse 
Sans me voir et sans un geste
Mais la belle fait un détour
Juste pour me dire bonjour.
Et réchauffer de sa peau câline
Mes joues glacées car c’est matines.
Elle part, laisse un parfum et une image
D’une fleur, de  son feuillage,
Et depuis mon esprit joue
A mettre mes mots bout à bout,
Pour retranscrire la grâce 
Cette douceur qui est sa trace,
Que je savoure au soleil
Comme un subtil bonbon de miel




Ma muse Agnès qui m'a inspiré ce poème m'a dit en avoir eu les larmes aux yeux et l'a trouvé fort beau. C'est un point de vue qui m'est agréable. Jusqu'à présent depuis 7 ans que je lui inflige des vers de temps à autre, je n'avais eu droit qu'à un froid "c'est bien trouvé" et un "C'est trop long". Le monde va changer, la poésie gagne du terrain.  

dimanche 14 octobre 2012

Poème aux morts

A la mémoire de ceux qui tombent dans cette triste guerre économique. A la poésie pour m'aider à tenir et au syndicalisme, à la solidarité pour m'aider à lutter. 


Prière 

Brille ma muse, brille de ton plus bel éclat
Malgré l’astre du jour, je te l’avoue, j’ai froid.
La mort rode aujourd’hui en ce jour frais d’automne
Le vent disperse au loin feuilles rouges et jaunes.
 

Et les cendres légères de quelques inconnus
Que nous croisions parfois dans nos allers-venues
Souris-moi… plus encore qu’à l’ordinaire
L’air de ce jour a le poids de la pierre.



Je me sens, comme un enfant puni se rendant à l’école
Qui cherche un signe, un rien, une main qui le console 
Ton regard me manque, Ah… poser ma tête sur tes genoux
T’entendre fredonner des mots tendres et doux.
Pleurer un peu sur eux et beaucoup sur nous-mêmes
Sur la vie qui finit, laissant ceux que l’on aime
Seuls, face à rien ! Face au béant trou de l’absence
Oh ma muse, ma belle muse, donne-moi ta présence !
En ces heures grises, ta beauté m’est plus que nécessaire
Mes vers si gais souvent se changent en prière
A tes doux yeux, ta grâce, ton sourire de Madone
Pour la chaleur, la paix, la joie qu’ils me redonnent.  

dimanche 7 octobre 2012

Oxymore

Passe-Passe 

Ma chère, ma belle, mon amie 
Que j’aime ta tendre ironie 
Quand je laisse se révéler, 
Ces défauts que l’on tient cachés 

Quand, naïf, je révèle l’estime 
Où je place la gente féminine 
Je vois très vite s’allumer 
Tes yeux moqueurs et amusés 

Et j’ai beau savoir que des femmes 
Se montrent parfois infâmes 
J’aime d’autant plus ma naïveté 
Qu’elle rehausse ta beauté 

Ainsi est-il de ta magie, 
De ton humour, de ton esprit 
Changer mon défaut éhonté 
En ta plus belle qualité. 

jeudi 4 octobre 2012

Petit plaisir de la communion

La dragée 

C’est si doux de t’attendre dans un si bel espoir
Avec la certitude si sucrée de te voir
Dragée sentimentale au doux parfum d’orange,
Le plaisir de l’attente, quand on attend un ange.



Je regarde amusé la porte qui me sépare
Du monde, Cet objet si banal en un instant se pare
D’une troublante grâce, et j’attends impatient
Pourtant heureux d’attendre, ce moment…    
Où le sourire aux lèvres et la lumière aux yeux
Comme un être unique et dès lors si précieux,
Je te verrai, toute parée d’innocence
Le sucre aura fondu, tes mots de réprimandes
Seront  l’amertume si fine de l’amande,
Et la fin savoureuse, ma muse de ton absence.   

vendredi 28 septembre 2012

La dernière gorgée de bière

Les plaisirs d’adultes 

Ton précieux nom m’est bien amer 
Comme un parfum un peu passé 
Dont je ne saurai me passer 
Sans poser un pied en enfer. 

Celui de ne pas être aimer 
De celle que j’ai adorée, 
Un petit cri silencieux, 
Des larmes sèches de mes yeux 

Ce gémissement que nul n’entend, 
Comme les pleurs d’un enfant 
Qui n’aurait jamais vu le jour 
Mais que je couvre pourtant d’amour.

La seule chose que j’ai de toi 
Ce nom que j’écris tant de fois, 
Chaque jour, quand mon esprit se perd 
A petit goût bien amer. 

lundi 24 septembre 2012

Inspiration


Cyrano exagère et aime l’excès. Je crois que moi aussi. Finalement le baroque, le style de l'excès, le siècle du vrai Cyrano, est une bien belle chose et pas seulement en musique comme je l'ai longtemps considéré. C'est une ode à la richesse de la vie et pas seulement à la puissance de l'église. Les églises baroques finalement sont comme la forêt même, luxuriantes - d'ailleurs y-aurait-il pas un lien entre le baroque et la découverte du nouveau monde, de sa richesse, de sa vastitude ? Exagérons donc mais pour retrouver la continuité de la musique dans les ors du décor et dans l'histoire du siècle. 


Continuité 

Ah non, rien d’exagéré
Dans mes mots empressés
Rien qui ne soient trop beaux
Pour vous dans tous mes mots.
 

Car c’est si peu dire 
Face à votre sourire
Oui, c’est dire si peu
Face à de si beaux yeux.


Voyez quel effet
De vous avoir croisée
Car malgré votre absence
Je sens votre présence
Et j’ai tant à vous dire,
Hélas, je soupire
Car vous voilà partie ! 
Eh bien ! je vous écris 
!

jeudi 20 septembre 2012

Jouvence

Malgré mon grand âge, j'ai toujours l'impression d'avoir 12 ans. Enfin sauf avec mes enfants, où je n'ai plus d'âge, mais je suis simplement adulte. Et dans le regard de certaines jeunes femmes, je me sens soit comme un vieillard soit comme la poussière qu'il n'est plus - ce qui n'est pas si mal. En fait je change d'âge tout le temps. Et vous ?  


Les âges du jour 

J’aime tous les âges de nos vies, 
Variant au gré de nos envies 
Avoir 10 ans sur une plage 
T’asperger puis m’enfuir à la nage. 

Avoir 15 ans, ne rien se dire 
Se regarder et puis rougir 
Et nos mains viennent se nouer 
Pour s’échanger de doux secrets. 
Les âges du jour 

J’aime tous les âges de nos vies, 
Variant au gré de nos envies 
Avoir 10 ans sur une plage 
T’asperger puis m’enfuir à la nage. 

Avoir 15 ans, ne rien se dire 
Se regarder et puis rougir 
Et nos mains viennent se nouer 
Pour s’échanger de doux secrets. 

En avoir 20, dessus la couche 
Et s’embrasser à pleine bouche, 
Pleins de désir, pleins d’ardeur 
S’étreindre comme des lutteurs 

Adulte, passer nos mains dans les cheveux 
De nos beaux enfants si précieux 
Tant qu’ils demeurent auprès de nous 
Donnant à la vie tant de goût. 

A l’hôpital, vieillard même, 
Quand l’inquiétude nous dit « je t’aime » 
Uniquement par ta présence 
Savoir que j’ai bien de la chance. 

Etre sans âge presqu’éternel 
N’être qu’un écho universel 
Retrouver dans nos contingences 
L’expression de la transcendance 

Avoir huit ans, quinze ou vingt 
Quarante, approcher de sa fin, 
Changer d’âge quinze fois par jour 
Au gré des lumières de l’amour. 
 

mercredi 12 septembre 2012

Triolisme

Un poème pour Jules et Jim.

Mélange des genres 

L'une me fait rêver et l'autre rire, 
Et j'aime l'une et l'autre, les voir sourire 

L'une a l'humour charmant de la grâce 
L'autre, le charme gracieux de l'humour 
Et si je les mettais face à face 
Qui du charme, de la grâce ou de l'humour 
Triompherait ? D'autant que moi-même j'use 
Certains jaloux disent "j'abuse"
Du charme,  mais non sans humour ou sans grâce ! 
Essayons ! Ce rendez-vous laissera peut-être la trace 
Dans ces semaines où tout se ressemble et s'efface, 
D'une rune celte où s'entrelace 
La grâce, le charme et l'humour 
D'un instant précieux au creux du jour.  

jeudi 6 septembre 2012

Sans surtitre

Les ciels voilés 

La beauté essence du bonheur 
Du silence, de ce repos du cœur 
Cette douceur du temps 
Où je suis, immobile et vivant. 

Ta beauté à jamais inscrite en moi 
Quelques vers écrits dans le plus grand émoi, 
Toujours récités ainsi qu’une prière 
Gravant ton sourire et tes yeux dans ma pierre. 

Reste ma beauté, juste à côté de moi 
Laisse dans ma main ta main de rêve 
Que mes illusions, non jamais, de s’achèvent 

Que mes souvenirs trônent en roi 
Car je n’ai nul besoin de ta présence 
Et bien plus belle es-tu ainsi voilée d’absence. 

jeudi 30 août 2012

Anniversaire

Eternel retour 

Un an déjà qu’au milieu des pivoines 
Tu vins malgré tout, malgré les folles avoines 
Les pierres dispersées en travers des allées, 
Cet air d’abandon pesant sur la vallée. 

Dans ce matin d’été, dans le chant des oiseaux 
Je t’envie un instant de ce lieu de repos. 
Tout est si beau ici, les cyprès centenaires 
Le ruisseau qui trille sous le vieux pont de pierre. 

Le chemin qui se perd entrant dans la forêt 
Et qui réapparaît un peu sous les sommets, 
Les enfants qui jouent à deux pas dans le parc, 
Qui d’un bout de bois mort, confectionnent un arc. 

Leurs cris pas encore là, qu’on entendra bientôt 
Comme ceux de ton temps, comme de lointains échos, 
Qui viendront eux aussi un jour d’anniversaire 
Comme moi, s’incliner sur l’urne de leurs pères.   

vendredi 24 août 2012

Hommage

Dans les années 80, le génial dessinateur Reiser croquait l'histoire d'un homme d'un age avancé qui va aux putes pour le dire crûment et là au lieu de passer la nuit avec une femme comme il le croit d'abord, il passe la nuit avec un homme et visiblement dans la folie de la chair cela lui plait... Au matin, la magie est morte et la barbe pousse au menton de sa belle - la virilité serait donc plus affaire de poil que d'autre chose - et le désarroi le gagne. Rentré chez lui, sa femme le vitupère "Tu es encore allé voir les filles". "Non, je n'irai plus jamais voir les filles." Je me suis toujours demandé quel sens réel avait les propos de ce personnage de Reiser génial observateur de la confusion des genres à venir.


Confusion des genres

Un soir du côté du périph
Tirer ou pousser par le vice
Je chassais la belle de nuit
Les yeux humides, luisant d’envie
Je tombais enfin sur une belle
Habillée seulement de dentelles
Jambes fines et hanches rondes
Les seins pointés comme des bombes.

Rien ne vaut de l’expérience
Pour avoir de la tolérance.  (refrain)

Allumé et piqué au vif
Sans même négocier le tarif
Je l’embarque jusqu'à ma piaule
Et aussitôt je la dépiaute
Plongeant dans son décolleté
Devenant follement excité
Je l’embrasse et je la pétris
Pour m’interrompre, fort surpris
Car voilà qu’entre ses cuisses
Se dresse un bâton de réglisse.

Mais mon mouvement de dégoût
Se mit à fondre dans sa bouche
Car elle possédait à la perfection
Les techniques de sa profession.
Aiguillonné par le désir
Je m’enfonçais dans le plaisir
Et ne fis nulle différence
De genre malgré l’incohérence.
Une fois mon désir assouvi
Sur ma couche, je m’assoupis.

Mais je fus bientôt réveillé
Par la belle qui me massait
Elle s’y prît de telle façon
Qu’en cinq minutes, sans façon
Elle me rendait la pareille
Pour me hisser au septième ciel.
J’hésitais à la laisser faire
Me tirer dans le dos, par derrière  
Mais dans cette situation dépravée
Comment faire la vierge outragée.

Et plongeant à fond dans le vice
Je goûtais la saveur d’anis
Faut-il que je me le dise
De son bâton de réglisse.
Dieu que j’ai pris de plaisir
Dans cette nuit blanche de délire
Mais je m’interroge aujourd'hui
Sur fondamentalement qui je suis.

Cette pratique socratique
Est-elle base de la maïeutique
Je suis en pleine confusion
Entre la forme et le fond,
Ce que j’aime, ce que je désire
Ce qui me donne du plaisir,
Moi qui naguère homophobe,
Je suis prêt à changer de robe,
Prendre celle d’avocat,
Pour défendre cette pratique-là.

Et même si Robert me barbe,
Continue à me laisser de marbre
Et si les courbes des femmes
Me mettent toujours en alarme,
Quand je rencontre une pédale
Je ne saurai en dire du mal
A le traiter d’enculé  
Et non de privilégié,
Faut-il avoir de l’expérience
Pour avoir de la tolérance.